« Mon pouvoir n’était pas bon pour la famille. Pourtant je l’aime moi ma famille. »

Encanto est l’un des dernier Disney en date. Avant sa sortie, j’ai regardé les bande-annonces sans y voir grand intérêt, et je l’ai vu au cinéma trois bonnes semaines après sa sortie, principalement parce que je n’avais rien à faire d’autre de ma journée.

J’ai eu un gros coup de cœur direct pour le film. On ressent beaucoup d’amour dans sa production, et l’histoire qui voulait être racontée m’a touchée, principalement parce qu’elle s’oppose aux normes des longs-métrages actuels.

I- Le film

La première chose qui m’a étonnée c’est le caractère déroutant de son scénario. Pas de grand méchant, pas de monstre à combattre, pas de quête claire, et le dénouement se résout avec une embrassade. En bref, on pourrait croire à de la fainéantise. Pourtant, si on analyse le schéma, on se rend compte qu’il s ‘agit d’un film classique, à l’exception près que tout se passe au sein de la famille

Ainsi, si on suit le schéma du film, on arrive à ça :

  • Premier acte (introduction) :
  • Deuxième acte (péripéties) :
  • Troisième acte (conclusion) :

Le schéma est classique, mais au lieu d’être bourré de véritables péripéties, il s’agit en réalité d’une introspection dans la famille Madrigal, avec notamment les personnages de Bruno, Isabela, Luisa et Alma. Ainsi, le climax du film est la destruction de la maison, et la résolution est un calin. C’est extrêmement frais et doux comme scénario.

En fait, le film se positionne sur un film sur la famille mais sans tomber dans les clichés du genre. Parce qu’en effet, quand on y regarde, les films sur la famille, il y en a : les Croods, les Mitchell contre les machines, Avalonia, Alerte rouge, Rebelle, Coco… mais à chaque fois dans ces films, il y a soit une fin du monde, soit une grande scène finale, un combat, de l’épique, bref, quelque chose qui fait qu’on ne regarde pas que la famille. C’est pour ça que je trouve le pari d’Encanto vraiment risqué et encore plus incroyable : il n’y a rien de tout ça, pas de risque de mort, pas de fin du monde, pas de grande découverte… Il y a juste une discussion à cœur ouvert sur la famille, sur le pardon, et sur l’amour filial. C’est beau.

Évidemment, tout ça ne serait rien sans un magnifique enrobage. Ainsi, le film se paye le luxe d’offrir des chansons incroyables que j’ai absolument adorées. C’est simple, je les aime toutes.

En plus, à la différence d’autres comédies musicales de Disney, ici, les chansons ont de vraies chorégraphies : Mirabel passe son temps à danser au début, et le temps s’arrête autour d’elle pour sa chanson, Luisa chante au beau milieu d’un vrai décor de théâtre, la chanson d’Isabela a une chorégraphie vraiment prenante…

Et que dire, évidemment, de la chanson Ne parlons pas de Bruno ? Vrai coup de cœur pour moi que cette chanson ! Chantée par pas moins de 10 personnes, son rythme et ses chanteurs sont absolument géniaux. Mais ce qui fait le sel du tout, c’est bien le final, où tous les couplets se mélangent pour former une harmonie étrange et magnifique (qu’on appelle d’ailleurs… une madrigal).

Visuellement, le film est très beau. Si le niveau de détails semble plutôt simple, ce que j’apprécie, ce sont les détails visuels, les petits easter eggs. Ainsi, chaque personnage va avoir, dans sa tenue, quelque chose qui le symbolise. Alma possède des papillons, un thème récurant dans son histoire. Julieta a des motifs de cuisine ; Pepa a des soleils en boucle d’oreille et des gouttes de pluie sur sa robe ; Bruno a des sabliers sur son poncho. Quant à Dolores, elle a des symboles d’ondes sonores et même des vinyles aux oreilles et autour du cou ; Camilo a des motifs de caméléon et Antonio, après sa cérémonie, possède une veste avec des motifs d’animaux. Enfin, Isabela a évidemment des fleurs sur sa robe ; Luisa, bien qu’ayant une tenue plus utilitaire, a quand même des motifs de poids ; et Mirabel est la seule à posséder chacun des motifs des autres personnages (à l’exception des sabliers), prouvant son amour pour sa famille.

Mais il y a aussi l’animation, et c’est ça que j’ai le plus noté : l’animation des mouvements des personnages est incroyable. Ça allié aux danses et aux chants donne des chorégraphies absolument magnifiques, quand en plus, les mouvements des habits suivent le rythme (entre les robes et les poncho mes yeux sont si émerveillés!)

Avant d’attaquer les personnages plus en détail et en psychologie, je voulais juste en parler avec mon appréciation.

Déjà, ce que j’adore, c’est que les pouvoirs des personnages ne viennent pas de n’importe où, et ne viennent pas au hasard. Je suis fatiguée des films qui offrent des pouvoirs géniaux à des gens et que ces gens doivent travailler sur ce pouvoir pour le comprendre. Ici, si Julieta peut soigner les gens, c’est qu’elle a prit soin très tôt de sa mère et ses frère et sœur ; Pepa devait être une jeune fille très émotionnelle, et Bruno devait avoir un instinct très sûr.

Dolores, qui a grandit dans l’ombre d’Isabela, devait sans doute passer inaperçu et écouter beaucoup de choses sans qu’on s’en rende compte. Camilo aime raconter des histoires et se donner en spectacle ; quant à Antonio, c’est dit dans le film, il adore les animaux.

Enfin, Isabela devait… aimer les fleurs je suppose, et Luisa était déjà bien bâtie pour son age.

Agustin et Félix sont deux papa et maris adorables. Félix aime sa femme et semble être un vrai rayon de soleil pour elle, et Agustin, malgré sa maladresse, prend parti pour sa fille quand il découvre qu’elle a trouvé une vision de Bruno. De même, Julieta est une mère aimante et très douce. Tout le contraire de sa sœur Pepa, que j’adore. Le désordre qui règne dans sa tête a quelque chose d’adorable et j’ai vraiment envie de la consoler.
Le film veut que l’on soit antipathique envers Isabela jusqu’à sa «révélation » et j’avoue être complètement tombée dans le panneau. Sa joie fraîche et son épanouissement montrent vraiment un beau personnage à la fin du film.

Antonio et Luisa sont de bons personnages bien écrits mais j’avoue ne pas m’y être vraiment attaché.

Et enfin on a le trio de tête. Déjà, Mirabel : c’est une jeune héroïne fraîche et très agréable. Elle bouge et court tout le temps, semble avoir mille pensées à l’heure dans sa tête, mais son désespoir face à sa famille est vraiment poignant. Je retiens le moment de la photo où, si c’est elle qui reste en retrait, personne ne l’appelle. Ça démontre une certaine négligence, et quand elle chante « Je le mérite, oui je le mérite ! » elle est dans le vrai : elle a gagné le droit de vivre avec sa famille. Bref elle est très attachante et je l’adore.

Ensuite, puisqu’on ne se refait pas et que j’ai une certaine tendance à adorer les personnages sous-développés qui n’apparaissent que cinq minutes mais ont pleins de potentiels, Camilo. Alors, oui pour un néophyte ça peut surprendre, beaucoup même ne voient pas de qui je parle quand je dis son nom. Des 12 membres des Madrigal, il est le seul qui n’ait pas droit à une intrigue, si petite soit-elle, et c’est assez drôle qu’on soit une grande communauté à être tombé amoureux du personnage.

En fait, l’animation joue beaucoup : la façon dont il bouge et agit est vraiment complaisante, surtout quand il utilise son pouvoir, cette façon de tournoyer, mais aussi son pouvoir. En effet, comme il est souvent vu changeant de corps, on peut se demander s’il n’est pas compliqué pour un personnage de 15 ans de trouver sa personnalité quand on lui demande sans cesse de ne pas être lui-même. Et comme la recherche d’identité est quelque chose d’universellement compliqué, on s’attache vite à ce personnage qui est pourtant le moins utilisé du film.

Mais s’il est le moins utilisé scénaristiquement, et là j’applaudis encore les équipes du film, il n’en est pas moins réfléchi : ainsi, on peut voir dans le film deux moments où la surprise le fait se métamorphoser, et si on regarde bien, ces changements ne sont pas anodins : quand il est surpris de la révélation de Dolores à propos de Mirabel et la vision de Bruno, il se change… en Mirabel et Bruno. De même, quand il tente de calmer Pepa en la faisant respirer, et qu’elle l’électrocute accidentellement avec qu’il ne se prenne le coin d’un meuble et la théière bouillante, il se change tour à tour en Félix, Alma et Agustin : à savoir trois personnes qui pourraient calmer sa mère. Bref, si c’est assez drôle et ironique que la communauté soit tombée amoureuse de lui, on ne peut s’en prendre qu’aux équipes du film qui n’ont pas lésiné sur les détails.

Et enfin, Bruno ! Alors là je dois dire que le film m’a eu. Comme dit plus haut, en allant au cinéma, je ne connaissais rien de l’histoire. Donc plus le film passe avec des mentions de Bruno, plus je me demande comment il est, qui il est… D’abord dans la chanson de Mirabel « Il a vu dans le futur juste avant de partir ». Ensuite, on découvre sa chambre qui fait extrêmement froid dans le dos. Après, on voit son « rire malin » dans Ne parlons pas de Bruno… Puis son visage entier dans la suite de la chanson. Pourtant, et là je dis chapeau aux animateurs, si Camilo lui donne un air effrayant avec des yeux verts, c’est vraiment l’interprétation du jeune garçon, qui est bien loin de la réalité.

Puis Mirabel suit les rats et tombe sur un Bruno toujours aussi effrayant… Et là je me dis « Ok on joue avec le vert, la couleur du méchant Disney par excellence, il a une chanson de méchant, il semble faire du mal… C’est un peu trop. » Mais j’étais si loin de la vérité ! Et après un joli parkour, Bruno rattrape Mirabel en disant « C’que t’as les mains moites ! », puis après un petit sauvetage « Au revoir ». Et là bon sang on se rend compte que le film possède le personnage le plus adorable qui puisse exister. Un personnage tout mignon, timide, qui se reprend la seule fois où il hausse la voix et se tiens toujours recroquevillé. Il est instantanément devenu un de mes personnages préférés et je pense que c’est le plus réussi du film.

Un petit détail mais qui fait du bien : la version française du film est excellente. Je dis que ça fait du bien car dernièrement, chez Disney, on préférait les star talents à de vrais bons comédiens de doublage. Sur Encanto, l’accent a plutôt été mis sur les chansons avec des chanteurs parfois renommés, et parfois non. Du coup, non seulement les chansons sont excellentes mais les voix des personnages aussi : chacun a su donner un ton parfait à son personnage. Et c’est un bonheur de retrouver José Garcia en doublage, qui donne vraiment un ton parfait à Bruno.

Pour revenir sur les chansons, ça faisait un petit moment que la traduction française était… plutôt mauvaise. Que ce soit dans les deux derniers La Reine des Neiges, ou dans Moana, les traductions avaient quelques problèmes. Ici, non seulement elles sont excellentes, mais elles subliment même parfois les chansons : par exemple, dans J’attends le miracle, en anglais, Mirabel chante sur le fait qu’elle est « prête » à recevoir son miracle, ce qui n’est pas faux évidemment. Mais en français, elle va plutôt dire « Je le mérite » ce qui aurait pu rendre le personnage antipathique si on n’avait pas déjà compris que sa situation au sein de la famille était vraiment LE MOT LA. Ainsi, on la comprend et on est d’accord avec elle : elle mérité d’être considérée.

Ce même, et cette fois c’est plutôt dans l’interprétation, j’ai une préférence pour les versions françaises de Sous les apparences et Que sais-je faire d’autre ?. Il y a vraiment un côté plus prenant, plus joyeux dans la seconde, plus stressant dans la première, qui, je trouve, manque beaucoup à la version anglaise.

En bref : pour la première fois en 5 ans, je peux enfin profiter d’un Disney en français, et ça fait du bien.

Enfin, je voulais faire part d’un petit détail qui a son importance : l’inclusion. En effet, avec 12 personnages naviguant dans le scénario, le film inclut énormément de personnes. Les couleurs de peau sont toutes différentes, aussi bien pour démontrer l’énorme mixité qui existe en Colombie que pour inclure tous les spectateurs dans l’histoire. Et le fait qu’il y ait plus de personnages féminins n’est absolument pas forcé

Encanto est aussi le premier film d’animation de l’histoire où les 12 types de textures de cheveux sont représentés : de 1A qui sont les cheveux lisses à 4C qui sont les cheveux crépus. (Pour les curieux : 1A : Alma, 1B : Agustin, 1C : Isabela, 2A : Bruno, 2B : Luisa, 2C : Julieta, 3A : Pepa, 3B : Mirabel, 3C : Camilo, 4A : Dolores, 4B : Antonio, et 4C : Félix).

En bref, le film inclut tout le monde avec un naturel dérisoire, et de nos jours, ça fait du bien.

II- La famille dysfonctionnelle

En faisant à peine quelques recherches après avoir vu Encanto, j’ai réalisé que pour les besoins du film, les scénaristes et réalisateurs avaient travaillés avec beaucoup de psychologues sur les différentes dynamiques de relation dans les familles dysfonctionnelles.
Dans ces familles, il y a souvent les mêmes archétypes : on retrouve un nombre de rôles défini (compris entre 5 et 7 le plus souvent), des secrets cachés et un ou une matriarche. C’est quelque chose de véritablement intéressant parce qu’on se rend compte que chaque personnage du film a été réfléchi dans le but de coller à un rôle spécifique.

Du coup je vais découper la suite en trois parties : la matriarche, les rôles dans la famille, et les outsiders.

Alma « Abuela » Madrigal, probablement née autour de l’année 1875¹, est la matriarche de la famille. Forcée de quitter sa maison en 1899, à cause de la guerre civile qui a lieu à ce moment en Colombie (appelée communément Gerra de los Mil Dias, Guerre des Milles Jours), elle a aussi perdu son mari le jour de la naissance de ses trois enfants.

Si le modèle familial d’Encanto peut surprendre, c’est que nous français n’avons pas vraiment la même idée de famille que dans d’autres pays. La maison d’Encanto, pure produit issue d’un modèle social assez inconnu pour nous, est faite pour accueillir la famille « élargie » comme on l’appellerait. Si nous côtoyons principalement nos adelphes et parents, il n’est pas rare, surtout en Colombie ou d’autres pays d’Amérique latine, que la famille élargie soit la « vraie » famille, comprenant les cousins. C’est pourquoi Alma, bien qu’étant la plus agée du haut de ses 75 ans, est la « cheffe ».

En voyant le film la première fois, je me souviens avoir pensé « Si ça se trouve, c’est la grand-mère la méchante ». Sans avoir raison, je n’avais pas totalement tort, même si l’idée est beaucoup plus complexe. Et pour ça il faut se pencher sur des études faites sur des modèles de familles dysfonctionnels.

En effet, Alma règne avec une poigne de fer durant tout le film. On peut entendre certaines remarques qu’elle fait et qui démontre bien le poids psychologique qu’elle met sur les épaules de sa famille : « [avec ton pouvoir] tu feras la fierté de toute ta famille ». « Je sais que tu veux aider à tout prix, mais ce soir, tout doit être absolument parfait ». « Je suis persuadée que nous trouverons un parfait usage de ton pouvoir. » Elle veut que tout soit toujours parfait afin d’aider sans cesse les habitants du village. Il faut qu’Isabela soit parfaite (jusque dans les moindres détails : quand Dolores entend que Mariano veut cinq enfants, et que des fleurs lui poussent sur la tête, Alma lui enlève l’unique fleur blanche), que Luisa soit forte, que Dolores écoute tout, que Camilo soit toujours quelqu’un d’autre, qu’Antonio serve à quelque chose, que Julieta soigne tout le monde, que Pepa ne fasse que du soleil et que Bruno ait les bonnes visions.

Ce qui m’amène au point central : Alma représente le trauma intergénérationnel, ou même pour être plus précis dans le cas du film, le traumatisme historique.

Alors qu’est ce que c’est. Ce magnifique nom que les psychologues se passent entre eux définie le fait qu’un traumatisme d’une personne peut se perpétuer à travers les enfants de ladite personne. Non pas à travers les gènes (même si certaines études pensent que oui), mais à travers les paroles et les actes. Ainsi, une personne qui a subi un acte violent et traumatique (traumatique qui signifie quelque chose d’extrêmement violent psychologiquement), peut passer sa peur à la génération qui la suit, c’est à dire ses enfants et petit-enfants.

Dans le cas d’Alma, elle a perdu à 25 ans et en une journée, son mari, sa maison et tout ce qu’elle connaissait. Dans le flashback de la fin du film, on voit son désespoir au moment de quitter sa maison, et son cri lors du meurtre de Pedro est déchirant. Ensuite, seule dans sa grande maison avec trois bébés d’un jour, elle se durcit d’un coup : son visage change et devient un masque rigide. Elle n’a pas pu se laisser aller au chagrin, elle a préféré se cloisonner des murs pour que jamais plus elle ne perde sa maison. D’ailleurs, on peut voir que la chambre magique que lui a donnée Casita est l’exacte réplique de sa chambre avec Pedro : elle vit encore dans le passé et ne peut pas aller de l’avant.

Son traumatisme est donc celui d’une jeune femme qui a tout perdu du jour au lendemain pour une guerre civile qui ne la regardait pas et dont elle a juste été un dommage collatérale. Ainsi, au lieu d’aller de l’avant, de se laisser à pleurer et de passer à autre chose, elle a éduqué sa famille pour que tout le monde aide le village puisque comme elle le dit « Nous devons aider ceux qui nous entourent / Ainsi notre miracle durera toujours ». Son but n’est pas d’aider les gens afin d’apporter de la joie ou par pur bonté, mais pour que le miracle perdure et que sa maison ne retombe jamais en ruine. Sa famille doit être parfaite dans ce seul but : garder le miracle, garder la chandelle, et donc garder sa maison, ce qui lui a été donné à la mort de Pedro, intact. Comme si elle avait le devoir de le faire.

C’est là que la chanson Dos oroguitas, qui se joue pendant le flashback, est extrêmement importante :

« Dos oruguitas enamoradas / Deux petites chenilles amoureuses
Pasan sus noches y madrugadas / Passent leurs nuits et matinées
Llenas de hambre / Pleines de faim
Siguen andando y navegando un mundo / Elles continuent à avancer et naviguer dans un monde
Que cambia y sigue cambiando / Qui change et continue de changer
Navegando un mundo / A naviguer dans un monde
Que cambia y sigue cambiando / Qui change et continue de changer

Dos oruguitas paran el viento / Deux petites chenilles arrêtent le vent
Mientras se abrazan con sentimiento / Tandis qu’elles s’enlacent avec des sentiments
Siguen creciendo, no saben cuándo / Elles continuent de grandir, sans savoir quand
Buscar algún rincón / Chercher refuge
El tiempo sigue cambiando / Le temps continue de changer
Inseparables son / Mais elles sont inséparables
El tiempo sigue cambiando / Le temps continue de changer

Ay, oruguitas, no se aguanten más / Ah les petites chenilles, ne vous retenez plus
Hay que crecer aparte y volver /Il faut grandir séparément et revenir
Hacia adelante seguirás / Tu iras de l’avant
Vienen milagros, vienen crisálidas / Les miracles viennent, les chrysalides viennent
Hay que partir y construir su propio futuro/ Tu dois partir et construire ton propre futur

Dos oruguitas desorientadas / Deux petites chenilles désorientées
En dos capullos bien abrigadas / Dans deux cocons bien abrités

Ay, mariposas, no se aguanten más / Ah papillons ne vous retenez plus
Hay que crecer aparte y volver / Il faut grandir séparément et revenir
Hacia adelante seguirás / Vers l’avant tu continueras
Ya son milagros, rompiendo crisálidas / Vous êtes déjà des miracles, en rompant vos chrysalides
Hay que volar, hay que encontrar / Il faut voler, il faut découvrir
Su propio futuro / Votre propre avenir. »

La chanson, qui entre guillemet me fait toujours pleurer, est importante puisqu’elle rappelle quand dans notre monde, il y a déjà des miracles. Une chenille qui se transforme en papillon est un miracle en soit, bien plus qu’un pouvoir.
De même, la chanson parle du fait que le monde est comme un océan, en constant changement, et qu’il faut faire avec et aller de l’avant malgré les épreuves, ce qu’Alma n’a pas pu faire. Elle est restée à l’état de chrysalide, enfermée dans un seul et même état d’esprit. Cet enfermement est même montré dans le film : lorsque l’encanto apparaît, les montagnes qui grandissent enferment Alma et jamais elle n’est revenue sur le lieu de la mort de Pedro. Ce n’est qu’à la fin du film, quand la montagne s’ouvre en deux, qu’elle peut y retourner et enfin tourner la page. C’est d’ailleurs à partir de ce moment qu’elle ne porte plus son châle noir, signe de deuil.
C’est pour ça que le thème récurant du papillon est bienvenu : on en voit partout, de la première rencontre entre Alma et Pedro, aux motifs de Casita et des robes de Mirabel et Alma en passant pas la chandelle. Le papillon est un symbole de changement et de renouveau, et la fin du film qui montre son embrassade avec Mirabel entourée de papillon démontre bien que son changement s’est enfin opéré.

Alma est donc un personnage extrêmement intéressant. J’aime le fait que, quand Casita s’écroule, juste avant, on voit dans son regard qu’elle comprend que tout était bien de sa faute. Comme elle le dit à Mirabel, « On m’a offert un miracle. Une seconde chance. Et j’avais tellement peur de le perdre… que j’en ai oublié à qui ce miracle était destiné ». Elle avait peur de ne plus mériter ce miracle et de tout reperdre, qu’elle s’est mise à travailler, et à forcer sa famille à travailler avec le village, pour que la société la juge digne de ces dons. Bref, Alma n’était ni la méchante, ni la gentille, juste un personnage particulièrement bien écrit.


2) Les rôles d’une famille dysfonctionnelle

Comme dit plus haut, il ressort d’une famille dysfonctionnelle plusieurs rôles définis parmi les enfants sous la coupe de la matriarche. Ils possèdent plusieurs noms que je vais rassembler ici en un seul : l’enfant prodige, le bouc émissaire, le héros, la mascotte, le parent de substitution et l’enfant perdu. Ces rôles sont parfois complexes et pas toujours les mêmes (un bouc émissaire sera parfois appelé enfant à problème ou souffre-douleur, suivant la façon dont il réagit au contact de la famille) mais mon but ici est d’expliquer clairement en quoi les personnages d’Encanto sont basés sur ces modèles de psychologie. Il en existe encore d’autres, moins connus ou juste moins communs, mais j’en parlerais pour les personnages précis.
Si Encanto a pour modèle une famille dysfonctionnelle, ce n’est pas non plus une « vraie » dysfonction : la plupart du temps : le.a parent qui pose soucis est une personne narcissique. Ici, Alma n’est pas narcissique, elle a vécu un trauma, c’est pour ça que je préfère l’appeler la matriarche plutôt que la narcissique.

Commençons par Mirabel. Née le 6 mars 1935, elle a 15 ans et est la seule Madrigal à ne pas posséder de pouvoir. Pourtant talentueuse, dévouée et aimante, soutenue par ses parents et sa sœur Luisa, elle est jalouse d’Isabela et aimerait être mieux considérée par sa grand-mère.
Mirabel est l’exemple parfait du bouc-émissaire. Il s’agit de l’enfant qui sert à défouler la frustration et la rage de la matriarche. Cet enfant sait la plupart du temps quel est son rôle, il se rend compte de l’injustice de la chose et se sent rejeté et isolé. Lui et l’enfant prodige sont très souvent en train de se disputer.

Un enfant bouc-émissaire sera souvent désigné comme tel car il a une maladie chronique, paraît plutôt faible, a des problèmes à l’école. Il s’agit aussi de l’enfant qui a le plus conscience des problèmes dans la famille, et qui défini très souvent qu’une famille est dysfonctionnelle : on l’appelle alors le « patient identifié » car il est celui qui, en thérapie, démontre les problèmes de la famille.
Mirabel a beau tenter de faire des efforts, comme elle le dit si bien, « Je serai jamais à la hauteur. Jamais assez bien, à tes yeux. C’est ça ? Tu refuses de voir que j’aurais tout essayer». Principalement, sa chanson démontre bien qu’elle veut que sa grand-mère la considère, en preuve ses nombreux « Ouvre les yeux ».

Elle est tout le temps sous-estimée par sa grand-mère, et ses parents en sont très inquiets, ce qui est montré quand Julieta dit à Alma « Mama, soit gentille avec Mirabel s’il te plait » ou bien « Mama, tu es beaucoup trop sévère avec Mirabel », ou encore quand Agustin déclare à Alma « Pardon d’avoir pensé à ma fille d’abord ! », ce qui démontre bien que le problème de la famille vient d’Alma.

Évidemment, Mirabel a très peu d’affection pour sa sœur aînée Isabela, et elles sont toujours vues en train de se disputer, ceci puisque Isabela est l’enfant prodige.

Dans le film, Mirabel a été définie comme bouc-émissaire car elle n’a pas reçu de pouvoir, belle métaphore pour démontrer une déception et une crainte vis à vis d’Alma. Le pire étant qu’ils ne se sont même pas donnés la peine de lui construire une chambre : Mirabel est presque punie dans la chambre pour enfant.

Enfin, c’est Mirabel qui découvre que le miracle s’éteint à cause d’Alma, quand elle découvre que Luisa porte trop de pression sur ses épaules, qu’Antonio est stressé par cette cérémonie, qu’Isabela n’est pas heureuse, ou bien que Bruno n’était pas le grand méchant que tout le monde décrivait : elle est la seule à être mise de côté de par son rôle de bouc-émissaire et est donc la seule à comprendre le problème de la famille.

A la fin du film, c’est elle qui recolle les morceaux de sa famille. Elle était une des seules à ne pas voir sa famille avec leur rôle et leurs pouvoirs et la seule donc à les aimer tous peut importe les problèmes. On le voit dans sa tenue, elle a pris soin d’y incorporer un motif de chaque personne de sa famille (un caméléon, une fleur, des ondes sonores, des animaux…)

Comme elle aime véritablement les membres de sa famille, c’est grâce à elle qu’à la fin, il y a un second miracle. En effet, il y a deux miracles dans le film : le premier a été fait par Alma lors de la mort de Pedro et était symbolisé par une chandelle, et des portes cloisonnées qui démontraient le pouvoir de chacun. Lorsque Mirabel insère la poignée de la nouvelle Casita, un second miracle se produit, et les images sur les portes ont disparu : à la place, il y a une seule et unique image sur la porte d’entrée, avec une famille soudée et pas séparée par les rôles.

Ce que j’aime beaucoup aussi avec ce personnage c’est le pardon qu’elle a accordé à son abuela.

Lorsque Alma parle de son traumatisme en début de film, Mirabel de 5 ans imagine une scène triste mais pas violente : elle comprend juste que ce souvenir rend sa grand-mère triste, et qu’elle pourra la rendre fière et heureuse grâce à son don. A la fin, lors du « vrai » flashback de la vie d’Alma, Mirabel imagine une toute autre scène : elle assiste impuissante et horrifiée, au désespoir d’une épouse qui perd sa maison, son village, qui voit avec terreur les cavaliers arriver vers elle et regarde avec horreur son mari s’approcher sans arme, mains en l’air, pour tenter de stopper les assaillants sans succès.

La différence entre la tristesse que ressent Alma lorsque Mirabel l’imagine à 5 ans et le désespoir qu’elle a vraiment ressenti est poignant et nous fait comprendre que si ce qu’Alma a fait est mal, que Mirabel lui pardonne parce que ce n’était pas de la faute de sa grand-mère. Ce n’était la faute de personne. Comme elle le dit, « Tu as perdu ta maison. Perdu tout ce que tu avais. Tu as souffert, tellement souffert, et toujours toute seule. » Elle l’a comprend. C’était simplement psychologique, et en vouloir à sa grand-mère pour avoir été son bouc-émissaire n’y changera rien : alors elle lui pardonne en lui disant qu’elle comprend ce que sa grand-mère a traversé.
Tout ça démontre que Mirabel, qui a créé un nouveau miracle, sera bien la nouvelle matriarche de la famille, mais une vraie belle famille.

Ensuite, nous avons Isabela. Née le 7 août 1929 (août étant le mois des fleurs), son don est lié aux fleurs et aux plantes. Du haut de ses 21 ans, elle est l’aînée de tous les cousins Madrigal et donc la première petite enfant d’Alma. Et elle est évidemment l’archétype de l’enfant doré.

L’enfant doré, appelé parfois l’enfant prodige est, à première vue, l’enfant qui a tout. La perfection, la beauté, tout le monde l’admire et il semble sûre de lui. Il est le plus souvent le premier né dans la famille, ou en tout cas est choisi car il représente ce que lea matriarche aime. Iel va souvent vouloir que cet enfant lui ressemble, physiquement et moralement, un peu comme s’il assurait la relève de la famille.

Cependant, sous la surface, l’enfant prodige a des difficultés pour comprendre qui il est vraiment, aide parfois lea matriarche à abuser des autres membres de la famille et surtout du bouc-émissaire, peut souffrir de ce côté perfectionniste, va tout faire pour rendre la famille heureuse, et finira dans le meilleur des cas par désobéir afin d’être soit-même.

Tout ça montre clairement que c’est le rôle d’Isabela. Première née des petit-enfants, on voit, à travers les yeux de Mirabel, une jeune femme confiante, belle, gracieuse, qui porte le poids de l’honneur de la famille. Sur le mur de cadre, on peut voir que si sur chaque photo de l’ouverture des portes, Alma tiens la chandelle et se tiens aux côtés de l’enfant, sur celle d’Isabela, Alma pose sa main sur son épaule, comme pour illustrer déjà ce poids et sa préférence envers sa première petite-fille. De plus, Isabela ressemble beaucoup à Alma plus jeune, ce qui fait qu’Alma ait pu la choisir pour ne pas qu’elle rate sa vie comme elle pense avoir raté la sienne. La chose est encore plus accentuées quand on voit que Mariano ressemble beaucoup à Pedro.

Si on écoute et on regarde bien, pendant la chanson Ne parlons pas de Bruno, Isabela finit la chanson sur « et c’est vrai, c’est vrai, tout est vrai », comme si elle tentait de se convaincre que oui, sa belle destinée était vraie et qu’il fallait absolument qu’elle l’accepte. En anglais, elle dit « I’m fine », « Je vais bien », une phrase répétée par Mirabel, Dolores et Luisa, qui est souvent là pour se cacher la vérité quand en fait, on ne va pas bien.

Isabela passe quasiment tout le film a faire la même chose qu’Alma avec Mirabel, c’est à dire la dénigrer et lui dire de ne rien faire pour ne pas créer de catastrophe.

Évidemment, avec la chanson Que sais-je faire d’autre ?, on apprend qu’Isabela n’était pas du tout heureuse. Durant le numéro, elle se découvre elle-même, et découvre par là même que ses pouvoirs n’étaient pas que décoratifs, qu’elle pouvait aussi faire d’autres choses. Elle désobéit alors en quelque sorte aux ordres de sa grand-mère, pour devenir une jeune femme pleine de vie qui refuse un mariage dont elle n’avait pas du tout envie.

Agée elle aussi de 21 ans mais née quelques semaines après Isabela, le 31 août, nous avons Dolores. Elle peut entendre tout ce qui se passe très loin autour d’elle, et elle semble aussi très timide. Elle a, dans la famille, le rôle de l’enfant perdu.

L’enfant perdu vit dans l’ombre des autres, surtout de l’enfant prodige, et est souvent négligé. Il s’efface petit à petit en arrière plan, n’exprime aucune opinion, préférant partir dans sa chambre, principalement pour ne pas faire de vague dans la famille. L’enfant perdu est souvent décrit comme quelqu’un de solitaire, et ne sait pas vraiment gérer les amitiés ou les relations amoureuses.

Dolores, qui est née quelques semaines après Isabela, vit ainsi depuis toujours dans son ombre. C’est Isabela qui est la première destinée à un mariage, en plus avec l’amour secret de Dolores. Celle-ci n’approuve probablement pas la situation mais ne dit rien pour ne pas s’attirer les foudres de la famille. Elle était la seule au début du film à savoir que Bruno vivait encore dans les murs de la maison mais n’en a rien dit, là encore probablement pour ne pas faire de vagues.

Son pouvoir est aussi important dans son rôle car elle agit plus comme quelque chose d’utilitaire que comme une personne : quand Alma lui parle, c’est pour avoir des informations. De plus, si Dolores préfère aller dans sa chambre, c’est qu’il s’y trouve des pièces où elle peut reposer ses oreilles de tous ces bruits extérieurs.

Passons maintenant à Luisa, qui est née le 14 novembre 1931, qui correspond à la journée de la femme en Colombie. Elle est agée de 19 ans et sa musculature le prouvent, elle a une super-force. Son rôle dans la famille est celui du héros.

Le héros est celui qui, dans la famille, assume un nombre toujours croissant de responsabilités sans jamais être récompensé, parce qu’il pense que c’est son rôle. Il se lance aussi souvent à corps perdu dans le travail pour toujours satisfaire ce besoin d’être utile. Cependant, ce travail est souvent trop dur pour lui.

Il doit mettre de côté ses propres besoin pour servir la famille, et ne donne jamais vraiment son opinion. Il essaye aussi tant bien que mal de protéger les autres membres de la famille pour ne pas subir ce que lui subit.

Pourtant, s’il apparaît comme quelqu’un d’équilibré, d’heureux, il ressent en vérité une grosse pression pour porter l’apparence d’une famille pleine de succès et de réussite.

Évidemment, avec ses muscles, Luisa apparaît comme un héros de fiction. Cependant, elle est bien le héros de l’archétype familial : elle est celle dont on a le plus besoin en ville, et quand elle croule sous les demandes, elle dit simplement « Je m’en occupe », car elle pense que c’est son boulot. Mais on comprend quand elle le chante, c’est beaucoup trop pour elle : elle aimerait savoir ce que ça fait de ne rien faire de temps en temps, d’où la phrase « Pourtant en ignorant le poids pesant de toutes ces attentes, ferais-je une place à la joie ou à la détente ». Mais elle pense être inutile sans son pouvoir, comme le montre de nombreuses scènes du film, alors elle s’inflige elle-même ce travaille.

Et elle le dit clairement dans sa chanson, « Laisse ta grande sœur gérer sans te demander si cette même pression aurait pu t’écraser » : à comprendre, laisse moi te protéger de la pression que je subis. De même, dans la version anglaise, il est dit « See if she can handle every family burden » : « Laisse ta grande sœur porter le fardeau de toute la famille ». A comprendre : Luisa veut porter chaque fardeau de chacun, car elle pense que c’est son travail.

De même, dans sa chanson, on comprend qu’elle essaye réellement de cacher le désastre familial en disant « La maison en vrac, je sens que tout dérape, je sens que tout m’échappe ». Elle sent que sa famille est problématique mais tente de le cacher. C’est aussi compréhensible quand elle dit « Si nous vivions sans faire attention à l’énorme pression » : elle est très clairvoyante, elle sait que la pression sociale est là, puisque c’est elle qui porte tout !

A peine plus vieux que Mirabel, Camilo, né le 28 décembre 1934, (à savoir le 1er avril espagnol) a le pouvoir de se transformer en toute personne qu’il croise. Il représente la mascotte de la famille.

La mascotte de la famille, c’est l’enfant qui coupe la tension présente avec toujours des blagues et de l’humour. Un peu vu comme un clown, il propose un divertissement face à la société, pour cacher le réel problème de la famille aux yeux des autres. Il est toujours en mouvement, drôle, aimable.

Le problème, c’est qu’on se sait pas vraiment qui il est, puisqu’il joue continuellement un rôle, et se moquent continuellement d’eux-même afin d’alléger les tensions.

Camilo est toujours vu en train d’amuser les autres en changeant son apparence, comme le dit Mirabel « Mon cousin Camilo est prêt à tout pour vous faire rigoler ». Pendant la chanson Ne parlons pas de Bruno, il exagère les traits de son oncle dans un but théâtral. Pendant le repas où l’on parle de la proposition de mariage de Mariano, afin de déstresser sa cousine, Camilo apparaît sous les traits de son futur fiancé.

Si les difficultés de Camilo ne sont pas vraiment évoquées dans le film, on peut facilement les comprendre : il n’apparait jamais comme étant lui-même. Lors de la soirée d’Antonio, quand il accueille les gens, il passe son temps à devenir les gens, et je me souviens avoir pensé à ce moment là « Mais on va connaître sa vraie apparence à un moment? » D’ailleurs, il était prévu dans le film que quand la chandelle s’éteint, Camilo devait changer d’apparence, et personne de la famille ne l’aurait reconnu, ceci afin de montrer qu’il n’était jamais lui-même, mais la scène a été coupée pour que le film se concentre sur Mirabel. Il est quand même montré que Alma l’utilise aussi comme un objet utile, puisque pendant les préparations, elle ne lui demande pas d’aider José à mettre la banderole (en allant chercher un tabouret comme les gens normaux le font) mais lui dis « On a besoin d’un autre José ».

Enfin, pour cette partie, nous avons Julieta, la mère de Mirabel. Née comme ses frères et sœurs le 17 octobre 1899, elle est le parent de substitution.

Le rôle de cet enfant est de s’occuper des autres, car lae matriarche n’en a souvent pas le temps. Il est donc responsable des autres enfants, mais aussi des autres membres de la famille, et essaye de les rendre heureux. Ce sera souvent un enfant qui a été obligé de grandir vite à cause d’un parent addicte, ou avec des troubles mentaux ou des problèmes de santé.

Il essaye de garder la famille équilibrée, mais pas vraiment de la bonne manière, ce qui fait que les problèmes familiaux ne se règlent jamais. Cependant, ce parent de substitution essaye de garder la famille heureuse car il est anxieux de ce qui pourrait arriver si elle s’écroulait.

Julieta est la première née des triplets. Avec une mère en deuil, elle a du vite apprendre à se débrouiller, et à aider sa sœur Pepa et son frère Bruno, puis avec son don, à aider le village.

Tout le long du film, on sent qu’elle aime Mirabel, et qu’elle tente de la faire accepter par Alma, mais sans jamais comprendre le nœud du problème. Quand elle dit à Mirabel « Mon frère Bruno passait déjà pour l’excentrique de la famille. Je ne veux pas qu’il t’arrive la même chose. », on sent qu’elle veut protéger sa fille, mais qu’elle n’a jamais compris le problème avec son frère. Il n’y a rien de méchant dans sa phrase envers Bruno, mais on voit qu’elle n’a jamais cherché à voir plus loin, occupée qu’elle était à prendre soin de la famille.

3) Les outsiders : ceux que l’on doit cacher

Nous avons donc vu les 6 principaux rôles d’une famille dysfonctionnelle. Mais quid de Agustin, Félix, Pepa, Bruno et Antonio ?

Concernant Agustin et Félix, j’ai l’impression que comme ils sont les maris, ils subissent moins la pression familiale ou non. Ce n’est peut être pas le cas dans la réalité mais dans le film, on les sens animés d’une réelle joie de s’être mariés avec leurs femmes et ils aiment leurs enfants. Donc rien à dire de ce côté là.

Pour Antonio, il ne correspond à aucun des rôles prédéfinis mais sa position est tout de même intéressante : il est l’espoir de la famille et doit déjà tout porter sur ses épaules alors qu’il n’a que 5 ans. Son personnage est très souvent en train de murmurer, pour bien montrer que dans cette famille, les problèmes qu’on a, on doit les cacher. Même quand on a que 5 ans.

Bruno et Pepa, en revanche je les vois comme de vrais outsiders car ils ont des troubles mentaux.

En effet Pepa a le pouvoir de changer la météo. Elle ne peut pas la contrôler, elle la change suivant ses émotions. C’est une différence importante car de cette manière, si elle est de mauvaise humeur, tout le monde le voit. Sans ce pouvoir, on pourrait y voir que quelqu’un qui est triste, en colère, ou tout autre chose que joyeux, n’a pas le droit de l’être, dans cette famille. On peut le voir, quand Pepa a un nuage, tout le monde lui dit « Pepa, tu fais des nuages ! » au lieu de lui demander tout simplement « Tu sembles énervée, qu’est ce qui se passe ? ». Le film le démontre : Pepa n’a pas le droit d’être autre chose qu’heureuse.

Cela rappelle ces gens qui ne se laissent pas aller à la tristesse ou à la colère pour faire plaisir aux autres (coucou Vice-Versa). On a très peur aujourd’hui d’exprimer nos sentiments car on ne veut pas rendre les autres tristes. C’est tout le dilemme de Pepa.

D’un point de vue psychologique, je trouve que Pepa a l’air d’être bipolaire. Alors rien de très scientifique là dedans, c’est juste mon opinion, et beaucoup de gens bipolaires se retrouvent en elle. Du coup, qu’on lui demande forcément d’être joyeuse est encore pire : comme si pour prouver qu’elle était parfaite, sa famille lui demander de cacher son trouble. A la fin du film, Pepa fait de la grêle, mais danse pourtant avec son mari : elle a enfin le droit de montrer à tous dans quel état émotionnel elle est, même s’il y a des gens à côté.

Maintenant, passons à celui dont on ne doit pas parler : Bruno. Il apparaît très peu dans le film et pourtant… Il porte littéralement le message du film.

Doué de vision du futur, Bruno est très vite devenu la tête de turque de la famille. Je ne le mets pas dans la catégorie du bouc-émissaire car à l’époque il était le vrai don de la famille, celui que tous venaient voir pour connaître son futur.

Le truc, c’est qu’on ne peut pas changer le futur. Et le pauvre Bruno qui ne faisait que le voir est devenu le messager que l’on agresse parce qu’il apporte un mauvais message. De fil en aiguille, ses paroles sont devenues des mauvais présages. Ainsi, quand la jeune femme au poisson dit qu’il a prédit la mort de son animal, c’était peut être juste de l’intuition : un poisson n’a rien à faire dans un bocal. De même, que des hommes prennent de l’embonpoint ou perdent leurs cheveux est tout à fait naturel quand on vieillit. Quand Bruno a dit à Pepa le jour de son mariage « On dirait qu’il va pleuvoir ! », c’était juste qu’il l’a vue stressée et a voulu faire une blague, ce qu’elle a pris pour une mauvaise prédiction. Bref : on nous apprend tout le long du film que Bruno était un réel méchant Disney… Alors qu’il n’a été que la première victime de son don.

Bruno est donc l’incarnation même de l’expression « Tuer le messager », ou « Blâmer le porteur de mauvaises nouvelles ». Il s’agit d’expressions plutôt anglophones qui rapportent qu’on a une certaine tendance à vouloir faire payer un messager quand celui-ci apporte une mauvaise nouvelle : sur les champs de batailles par exemple, ou avec les crieurs publiques. On retrouve ces exemples aussi dans la fiction comme dans dans Antigone, où l’on dit « Personne n’aime le messager porteur de mauvaises nouvelles », ou dans Henri IV de Shakespeare, où il est dit « Ne tuez pas le messager ».

Le truc c’est que Bruno aurait pu finir par devenir un « vrai » méchant. Il avait toutes les raisons de le devenir ! Il s’est banni lui-même, vivant dans les murs, entendant chaque jour sa famille parler de lui horriblement, voire même finissant par bannir la mention même de son prénom pour ne pas qu’Alma ne s’énerve, il a choisi la solitude pour protéger sa petite nièce de 5 ans juste pour voir qu’elle était quand même traitée horriblement. Il aurait pu finir par dire « Vous voulez que je sois le méchant ? Très bien. Dorénavant je serai le méchant. » Voire même juste demander à sa famille de s’excuser à la fin !

Mais non, au lieu de ça, il choisit comme Mirabel le pardon. On en revient à ce système de famille que l’on n’a pas forcément chez nous : j’ai vu pas mal de gens dire « Mais Bruno aurait juste pu partir non ? » et des personnes latinos répondre que chez eux, la famille, ce n’est pas comme chez nous. C’est quelque chose de profond, ancré dans leur culture : on aime sa famille, et ils nous aiment en retour. Du coup, à la fin du film, Bruno pardonne à tous le monde et surtout à Alma.

Maintenant, s’il n’est pas le bouc-émissaire, il est devenu au fil du temps l’enfant caché dont on ne doit pas parler. Ça rappelle un peu ces enfants de stars ou de personnalités connues qui sont cachés parce que malades ou dénotent dans la « famille parfaite ». Bruno s’est donc lui aussi isolé de plus en plus, ce que démontrent sa tour : sa porte était, avant, proche de celles de ses sœurs, mais quand Mirabel va la trouver, elle est très loin, « dans la tour de Bruno ». Et comme la Casita est magique, on comprend que plus Bruno s’est senti rejeté, plus sa porte s’est éloignée. De même, il ne devait pas y avoir autant de marches dans sa chambre à l’époque. Elles ont du se rajouter au fur et à mesure.

Du coup, oui, Bruno fait un peu office de secret inavouable de la famille, cet enfant qui n’est pas censé existé et qu’on préfère cacher au monde extérieur car il est différent. On pourrait attribuer pleins de parallèles à ça : Bruno pourrait être gay, ou avoir une maladie mentale.

Ce qui m’amène au dernier point : beaucoup de personnages semblent neuroatypiques. Et pour une fois, ce n’est pas moi qui extrapole, c’est confirmé par Jared Bush, le réalisateur ! La plupart des personnages ont été écrits après de longues études sur les humains, et leurs différences.

Ainsi, il n’est pas difficile de voir en Dolores une jeune femme autiste. Elle ne sait pas forcément garder un secret, ne sait pas avouer à Mariano ses sentiments au début du film, elle entend tout très fort, se bouche très souvent les oreilles pendant le film…

On pourrait dire la même chose de son frère Antonio qui est tout le temps vu en compagnie d’animaux. Quant à Camilo, il semble avoir un trouble du déficit de l’attention, avec hyperactivité, vu comment il bouge tout le temps. Je dirais même la même chose de Mirabel, qui parle très souvent très vite et s’agite dans tous les sens.

J’ai déjà parlé de Pepa et sa probable bipolarité, mais on a aussi Luisa qui souffre très probablement d’anxiété généralisée. Et évidemment, Bruno a des TOC (c’est même officiellement mis dans le script).

En bref, les personnages sont tous plus variés les uns que les autres et ça appuie encore plus ce truc de famille qui doit être parfaite, et donc on ne doit pas montrer ses « défauts » : la différence.

Ainsi, tous les personnages sont donc des modèles de la famille dysfonctionnels, et voire même des modèles de neuroatypie. Mais je ne louerais pas les louanges du film si c’était tout. Enfin si bien sûr mais pour montrer qu’ils ont vraiment bossé, mais alors bossé leurs personnages, on peut leur ajouter autre chose : chacun est la métaphore d’un signe de trouble de la santé mentale (je ressors mes trois jours de fac de psycho là).

Du coup, on voit que Alma est l’évitement, puisqu’elle se renferme sur elle-même. D’ailleurs, l’encanto lui-même est enfermé dans de hautes montagnes, qui se brisent à la fin du film quand Alma retourne sur le lieu du meurtre de son mari.

Julieta, qui semble si bien dans sa peau, a pourtant été élevée par la même mère de Pepa et Bruno. Du coup je vois en elle le guérisseur blessé, celui qui soigne alors qu’il possède lui même une blessure. Cette théorie de guérisseur blessé a été apportée par Carl Jung, qui disait que pour pouvoir soigner les personnes et les groupes, le guérisseur devait rester conscient de ses propres blessures. Ainsi, les personnes qui ont soufferts de traumatismes vont souvent essayer de rendre heureux et écouter les problèmes des autres, sans penser à leurs propres problèmes.

Pepa, quant à elle, serait la dysrégulation émotionnelle. Il s’agit d’une dérégulation des émotions qui font que la personne passe d’un coup d’une joie intense à une colère ou une tristesse tout aussi puissante. La plupart du temps, ce trouble survient chez les personnes bipolaires, avec trouble du déficit de l’attention, trouble de la personnalité borderline… Bref on en revient encore à la neuroatypie.

La prophétie autoréalisatrice, ça vous parle ? Il s’agit plutôt d’une science sociale et psychologique qu’un réel trouble : cela correspond au fait qu’on s’attend ou on prédit un événement souvent négatifs, et qu’on l’attend avec tellement d’anxiété qu’on modifie nos comportements, ce qui fait que l’événement a lieu. Si Bruno lui-même n’est pas forcément sujet à ça (quoique avec ses tocs, on pourrait se dire qu’il y a longtemps cru et qu’il préfère maintenant toucher du bois), tous ceux qui ont écoutés ses prédictions ont pu y croire. Ainsi, Bruno a dit à un habitant que son bidon deviendrait énorme… Qui ne nous dit pas que l’habitant a alors énormément mangé ? Il a dit à Isabela que la vie qu’elle rêvait lui serait donnée : est-ce que ça pourrait être pour ça qu’Isabela a tout accepté sans broncher, le mariage et autre ?

Ce qui nous ramène à Isabela. J’en ai déjà parlé, mais évidemment le perfectionnisme peut aussi être un trouble mental : la personne perfectionniste se fixe des objectifs quasi impossibles à atteindre, se juge sévèrement, n’accepte pas la critique… Évidemment, on découvre que c’était plus le souhait d’Alma que celui d’Isabela, mais on nous rappelle quand même que le perfectionnisme peut être un problème.

Ensuite, Dolores est l’incarnation de l’hypervigilance. Quelqu’un d’hypervigilant va être toujours à l’écoute, sur le qui-vive, sursauter quand elle est surprise, éviter les foules… Bref, notre Dolores toute crachée.

Luisa et son besoin d’aider les gens rappelle le terme anglais de « people pleaser ». Il n’y a pas de vrai terme psychologique mais il s’agit de quelqu’un qui fait tout pour faire plaisir aux autres : s’excuser de tout, ne pas être capable de dire non, penser que l’on sert à quelque chose si les autres le pensent, mais aussi et surtout tout ça amène à vrai manque de prise de soin de soit, ce qui défini parfaitement Luisa.

Il y a un syndrome qu’on appelle le mimétisme comportemental, parfois nommé syndrome du caméléon. Il s’agit du fait de s’adapter à son interlocuteur, de façon quasi inconsciente, en parlant, bougeant et voire même en pensant comme lui. Là on sait de qui je veux parler : de Camilo. En effet, à la soirée d’Antonio, Camilo accueille les gens… En se transformant en eux. Pourquoi ne reste-t-il pas lui-même à ce moment là ? Parce qu’en effet, en soit, le syndrome du caméléon, tout le monde le fait à plus ou moins grande échelle. Mais cette scène à montre que le personnage sur-adapte les choses afin de ne pas se montrer lui-même comme il est. Et oui je vois trop de choses en ce personnage, mais bon il faut bien pallier au manque scénaristique !

Et enfin, nous avons Mirabel, qui possède un superbe syndrome de l’imposteur. Ce syndrome est souvent vu chez les artistes : il s’agit d’un sentiment d’incompétence et de doute, qui persiste malgré le fait que la personne ait du succès (scolaire, familial, social…)

Conclusion

Encanto est donc un film rare à tous niveaux. Avec un bel emballage de chansons qui restent dans la tête, d’un visuel magnifique et d’un scénario neuf et osé, on se rend compte que le travail derrière le film a été énorme.

Ainsi, avec tout ce cheminement de psychologie, on se rend compte que le message d’Encanto est principalement celui-ci : il faut combattre les préjugés sociétaux.

En effet, ce sont eux qui ont mis à mal la famille Madrigal : avec son besoin d’afficher une famille parfaite, Alma a fait naître un doute chez chacun de ses membres. Mais pourquoi voulait-elle une famille parfaite ? Parce qu’après son trauma, la perte de tout ce qu’elle avait, on lui avait accordé un miracle, et elle pensait qu’elle devait le gagner aux yeux des autres. Ce soir là, quand elle a demandé de l’aide, le miracle est venu à elle, et à elle seule, et elle a du le porter sur ses épaules, en plus de tout. On le voit à un moment dans le film : les villageois arrivent sur le pas de la porte et disent « Au village tout le monde est terriblement inquiet pour la magie ».

Ce qui fait que la famille Madrigal se devait de cacher ses  »tares ». Ainsi, les outsiders devaient rester cacher. On pourrait croire que Mirabel est la seule qui sors du lot de la famille, mais quand on y regarde de plus près comme je l’ai fais ces quelques dernières pages, on se rend compte que chacun des membres de la famille est un outsider : de par ses troubles mentaux, sa position dans la famille, ou sa personne (à comprendre : les LGBTQ+).

C’est pour ça que j’ai choisi cette citation en titre : la citation de Bruno, « Mon pouvoir n’était pas bon pour la famille. Pourtant je l’aime moi ma famille. » A comprendre : ce qui me définissait n’était pas bon socialement, car les gens parlaient sur moi et très probablement sur la famille. Alors j’ai fais semblant de disparaître socialement pour les protéger.

Tout ça pour dire que le film a fait un effort pour représenter autant que possible tout le monde, que ce soit physiquement ou moralement, afin de dire une seule chose : peu importe la pression sociale. Peu importe ce que disent les gens sur vous, à cause de votre physique, votre couleur de peau, vos cheveux, vos problèmes mentaux, votre personnalité, votre genre, votre sexualité, et votre pouvoir ou absence de pouvoir. Afin de vivre sereinement, vous devez vous relâcher de toute cette pression afin de réellement vous affirmer tel que vous êtes.

A la fin du film, quand Mirabel se regarde dans la poignée de porte, elle dit « Je vois moi. Tout moi » (en anglais). Elle se voit enfin tel qu’elle est réellement : une jeune fille issue d’une famille fantastique, qui aime ses proches et ferait tout pour eux. Ce n’est pas pour rien qu’elle s’appelle Mirabel : le mot « mira » en espagnol signifie « regarder ». Elle est aussi la seule Madrigal de sang à porter des lunettes. Et le film démarre avec la phrase « Habre los ojos. Ouvre les yeux ».

En bref : si vous êtes la société, ouvrez les yeux sur les problèmes dans les familles. Si vous êtes dans la famille : ouvrez les yeux sur celle-ci. Et si vous êtes rejetés dans votre famille : ouvrez les yeux sur qui vous êtes réellement.

C’est aussi pour ça que le symbole du papillon est très important (en plus d’enfin nous permettre d’avoir un Disney sans animal de compagnie forcé). Il n’est même pas caché dans le film, il y en a partout. Le papillon symbolise tout autant la transformation de Mirabel et son acceptation de soit que la transformation de la famille Madrigal.

Le papillon symbolise le renouveau, la transformation, le passage d’une chenille à un insecte avec des ailes, un vrai petit miracle. Ainsi, dans le film, on assiste à la transformation des Madrigal : on passe d’une chenille, avec cette famille pleines de problèmes, à la chrysalide, quand Casita s’effondre, à un papillon, quand chacun s’accepte sans préjugés.

Le film nous dit donc que parfois, il faut être prêt à briser quelque chose afin qu’il soit possible de le réparer. Personne dans la famille Madrigal ne tient véritablement tête à Alma, ce qui fait que la famille pourrie de l’intérieur, ce qui est symbolisé par les fissures. Tout le monde a trop peur d’aborder des sujets qui fâchent ou de démarrer une dispute. Quand Mirabel le fait enfin, la maison s’effondre, parce que c’était ce qu’il fallait : repartir sur de vrais bases saines pour montrer qu’une famille, ce n’est pas quelque chose de foncièrement parfait. Ce qui compte, c’est que chacun s’aime. Et peu importe si la photo de famille est ratée, les Madrigal n’ont plus peur d’être critiqués par la société.

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