Excusez ma femme, elle est fatiguée.

Avatar premier du nom fait partie de mes films préférés. Je ne vais pas réexpliquer ce qui fait que j’adore ce film, j’ai déjà écrit quelques pages dessus. Dans tous les cas, ce récit d’initiation au scénario fluide, à la créativité incroyable et aux thèmes touchants me plait toujours autant après toutes ces années.
J’attendais donc sa suite avec impatience. Impatience grandissante au fur et à mesure que les années passent, que le film est mainte fois repoussé et qu’on se demande s’il va finalement voir le jour.
Le lendemain de sa sortie officielle, je me rends dans un cinéma assez loin de chez moi pour découvrir sur un énorme écran la suite d’Avatar. Passés les premières secondes où j’ai les larmes aux yeux face à la beauté de Pandora que je redécouvre, les minutes passent et ma désillusion grandit.
En sortant, j’entends quelqu’un dire « C’était incroyable ». Est-ce que ça l’était pour moi ? Un deuxième visionnage me confirme que non. Parce que, au-delà d’un film vide qui recopie le premier, d’une prouesse technologique certaine mais malgré tout vide de sens, le film est l’antithèse du premier au niveau des thèmes abordés. J’en ressors énervée, et en revoyant le premier volet de la saga, je me dis que bon sang, mais qu’est-ce qu’il a pu se passer durant 13 ans ?

I- Un scénario forcé
1) Première partie

         Le film démarre là où on l’avait laissé : Jake et Neytiri ont leur premier enfant (il est bon de noter que la coiffure de Jake, qui changeait si souvent dans le 1er film, ne bouge pas d’un pouce pendant 10 ans ici) : Neteyam. On nous explique ensuite que Kiri naît de l’avatar de Grace. Alors je ne sais pas comment la gestation fonctionne et à dire vrai, l’existence de Kiri semble être un vrai mystère. Un mystère qui serait intéressant… S’il était traité dans ce film de 3h. Mais évidemment, on va se concentrer sur le 3ème gamin, Lo’ak, qui d’ailleurs n’a pas le droit à sa présentation, non, comme Tuktina il apparaît d’un coup.
          On nous présente ensuite… Spider. L’enfant illogique. L’enfant de Miles Quaritch, l’antagoniste du premier film, et d’une mère dont tout le monde se fiche puisqu’elle n’est pas nommée dans le film (elle s’appelle Paz Socorro). Donc, en une seconde, on est censé accepter diverses choses : que Miles a eu un enfant dans le premier film, que la mère de l’enfant est morte (enfin supposément), qu’il y avait un enfant quand la base a été attaquée par les avatars des scientifiques, que l’enfant a un prénom nul (à la limite si il voulait se choisir un prénom Na’vi mais non non, « Spider »), que tomber enceinte sur une planète autre que la terre qui était décrite comme pire que l’Enfer, et qu’ils ne pouvaient pas le congeler pour rentrer sur Terre. Ah. Franchement, heureusement que je savais tout ça avant parce que ça m’aurait vraiment titillé la gorge de l’apprendre au cinéma.
          Cinq minutes après, les humains reviennent, Pandora brûle sur une telle surface que les petites bombes du 1 sont risibles, et on nous balance « un an plus tard ».
A la limite, que les humains reviennent, je l’ai accepté avec force dans la première bande-annonce. Mais alors le « un an plus tard »… Le film pose, non même pas, nous balance à la tronche sa situation initiale en nous disant « Heu bon on savait pas trop quoi montrer donc débrouillez-vous avec ça parce qu’on veut vraiment voir l’océan ».
          Ensuite, Miles Quaritch revit grâce à sa mémoire collectée dans une clé USB qui lui permet de revenir en avatar… Wow wow wow. Alors non seulement ils n’ont pas montré le coup de la clé USB dans le premier film, ce qui aurait été certainement plutôt logique vu qu’on voit les préparatifs de guerre, mais en plus, ils décident de cloner le truc le moins utile à savoir… des soldats ? Le truc dont tout le monde se fiche et qui se retrouve ultra facilement ?
Et surtout, un avatar, Jake le dit, « ça coûte la peau du cul ». Comment, alors que la RDA est fauchée car elle n’a plus d’unobtanium, elle a pu se payer 12 clones avatars ? Dont certains se font tuer de suite hein, ce sont des soldats. Ils ne pouvaient pas… Oh je ne sais pas… Refaire le programme avatar avec des soldats, comme ça si l’un mourait, bon le coût aurait été énorme, mais au moins il serait piloté à distance et donc vivant ? Bon bref.
          Nous disions donc « un an plus tard » (pardon celui-là il reste coincé dans ma gorge). On nous apprend que la flore entière de Pandora attaque les humains, en plus des Na’vi. Et pourtant… Les humains ont réussi à se construire une petite ville avec un train qui va au milieu de la forêt. Un train. Avec des rails. Au milieu de la forêt. Ils ont réussi à construire tout ça sans être dérangés par ne serait-ce qu’une petite plante ? Eh beh.
Et les Na’vi utilisent maintenant des armes humaines ?! Excusez-moi, je dois aller crier cinq minutes.
Me revoilà. D’ailleurs, Neytiri est la seule à ne pas changer d’arme et garder l’arc, mais bon Neytiri n’apprend rien tout le long du film. Donc, bref, on nous montre que les Na’vi ne vivent plus dans la forêt (pour autant qu’ils y aient vécu depuis la fin du premier film, ça on ne le saura jamais) mais dans les montagnes, dans un camp de base, avec notamment les scientifiques du programme avatar qui… peuvent maintenant eux aussi monter des ikran.
DONC Jake, qui était un peu le seul être choisit par les Na’vi pour devenir comme eux, n’est plus unique. Ah bon.
D’ailleurs on découvre aussi que Neytiri a un nouvel ikran. On ne savait pas que c’était possible, qu’un omatikaya puisse faire le lien avec deux différents ikran, mais bon le film s’en fiche.
          Bon, on découvre la ville humaine et on nous apprend que la Terre se meurt et que les humains veulent coloniser Pandora. DONC ce qui n’était qu’une course à l’argent, quelque chose de méprisable dans le 1er film, devient une nécessité dans le 2ème. Alors certes, une nécessité qui ressemble beaucoup à comment a été forgée l’Amérique… Mais le film ne traite jamais de ça comme ça, et d’ailleurs, le film s’en fou de ce que doivent faire les humains, les baleines c’est mieux.

On en finit donc avec les introductions de la situation du film. C’est catastrophique, et ça n’est pas finit.
          Les enfants décident d’aller tous s’amuser près de là où a eu lieu le combat final du premier film. Mais, oh bah ça tombe bien alors, c’est exactement le jour où Quaritch et son escadron décident de visiter le même lieu ! Mais alors là, wouaw, quelle coïncidence (vous le sentez le cynisme ou j’en rajoute ?)
Bref les enfants se font sauver dans une scène plutôt classe, sauf Spider mais le film et les autres personnages s’en fichent, et Jake décide, pour sauver tout le monde, de partir.
De.
Partir.
Alors.
De un, Spider est capturé. Ce qui signifie qu’il peut donner à tout moment le lieu du camp des omatikaya. Donc si Jake part, le camp peut finir en flammes, avec tout le monde tué, Jake n’en aura rien à faire parce que sa famille est sauvée. Mmhm. En plus, il semble n’en avoir rien à faire que Spider puisse être torturé.
De deux, si Jake voulait vraiment protéger ses enfants, il les aurait envoyés eux dans un autre endroit inconnu tout en restant avec les omatikaya, parce que c’est lui que veulent les humains. Le « chef de guerre ». Les enfants ne sont que là pour l’atteindre ! Et du coup… Le leader de guerre n’est plus là. Les humains ont fini leur mission, ils peuvent continuer tranquillement leur terraforming et tuer les Na’vi. Pourquoi ils en ont toujours après Jake alors ?
De trois, c’est qui le nouveau chef ? On nous donne son nom, on dit qu’il est doué et voilà. Mais purée, c’est qui ? Il a fait quoi pour mériter ce titre ? Pourquoi Jake peut passer outre la règle qui dit qu’un chef doit en tuer un autre ?
De quatre, s’éloigner ne va servir à rien parce que les humains veulent coloniser la planète entière. Partir loin ne fait que repousser le problème.
          Là, le scénario logique, c’est de récupérer le Spider. Mais non, le film, tout le long, va nous pousser pour voir des baleines. Donc, les Sully partent en pleurs et moi je pleure de l’illogisme.

2) Chez les metkayina

Cameron a cependant décidé que ça se passerait à la mer donc, allons-y pour découvrir les us et coutumes des metkayina.

Beaucoup reprochent au premier Avatar de n’être que de la poudre aux yeux, de ne pas avoir un scénario intéressant. Évidemment, j’en pense tout le contraire. Mais il est difficile pour moi de dire que ce deuxième film est intéressant : quand les Sully arrivent au récif et décident d’y apprendre les coutumes, on se retrouve avec un copié collé du premier film mais sans la partie intéressante, à savoir découvrir la façon de penser des Na’vi, et comprendre que l’être humain a perdu connexion avec la Mère. Bref, on répète, mais on ne nous propose rien de plus que ce qu’on a déjà vu, et non, découvrir l’océan n’est pas intéressant en soit.
Ainsi, on montre leur nouveau quartier aux personnages, puis ils doivent apprendre à marcher pardon à nager, apprendre la langue, à monter des chevaux, non pardon des dauphins et des poissons volants… Au cours d’un montage qui utilise évidemment la même musique que dans le 1, les personnages réussissent petit à petit à surmonter les épreuves qu’on leur donne, réussir à finalement devenir des Metkayina.
Et la répétition se trouve partout : on découvre l’arbre des âmes, on a la scène horrible où les méchants humains font leurs méchants humains et tuent une baleine, puis la cheffe qui hurle devant cette tragédie, puis le clan qui veut partir en guerre malgré Jake qui tente de les résonner. On a aussi le clan qui a son propre animal avec qui il faut se connecter pour être considéré comme un adulte, comme avec les ikran, mais ici avec les baleines.
         Et vraiment, j’ai essayé de m’intéresser à tout ça, parce que j’aime l’océan et que ce qui a été créé pourrait être captivant : mais ça ne l’est pas. C’est notamment gâché par la musique qui est exactement la même que dans le 1. Alors certes, James Horner est décédé, mais le nouveau compositeur a l’air totalement capable de faire du bon boulot, comme il le fait avec le thème des Sully. De même, les chœurs qu’on entend dans la chanson de The Weeknd sont incroyables : pourquoi ne pas avoir fait de nouvelles musiques ?! J’en ai vu des suites de films qui reprenaient ce que faisait le premier volet, comme Pirates des Caraïbes, ou Dragon, ou Star Wars. Mais quitte à reprendre les thèmes, le scénario ou les idées de mise en scène, ces films ont au moins été foutu de changer la musique !
          Mais surtout… On s’en fiche ! Moi, Avatar m’a fait découvrir les omatikaya, le peuple de la forêt. C’est eux qui m’intéressent, j’ai du souci pour eux. Les metkayina, qui ne font aucun effort pour être sociaux en plus de ça, il peut leur arriver n’importe quoi, je m’en fiche. Que la fille du chef dont je n’ai même pas retenu le nom soit en train de tomber amoureuse de Lo’ak (tiens, ça me rappelle Jake et Neytiri…) je n’en ai strictement rien à faire.

Le pire exemple, c’est la scène de la chasse à la baleine. Alors, je suis végan. Je ne supporte pas la souffrance animale. Tout ça me touche beaucoup. Mais vous savez ce qui m’a touché ? La destruction de l’arbre maison dans Avatar premier du nom. Une destruction qui a été annoncée dès le début du film, pour laquelle le personnage principal travaillait avant de se rendre compte de son erreur, de tenter de l’arrêter et finalement, d’échouer.
La baleine ? Bah elle se fait tuer pour rien. Voilà. Est-ce qu’on savait que les baleines se faisaient chasser ? Non. Est-ce que le héros principal en a quelque chose à faire ? Jake a l’air un peu tristoune mais surtout gêné, et je le comprends, c’est de sa faute. Mais en quoi est-ce censé nous impacter, nous, spectateurs ? En quoi on doit lâcher notre larme devant la souffrance des personnages ? La destruction de l’arbre, je passais la scène quand j’étais plus jeune tellement elle m’horrifiait ! Là… Rien. Le pire c’est la réutilisation de la musique de la chute de l’arbre maison : non, je suis désolée, pour tout le respect que j’ai pour chaque être vivant, la situation n’a rien à voir. Et c’est incroyable de me faire dire ça alors qu’on montre une scène horrible mais ça ne fonctionne absolument pas.
Franchement la scène du tulkun tué ne me fait rien du tout, alors que l’attaque du village, qui finit brûlé avec un seul mort chez les animaux, me touche beaucoup plus. Parce que la musique est touchante, les cris des personnages aussi et la situation semble encore plus injuste.
Je comprends ce qui a voulu été faire avec les tulkun. Le problème, c’est que l’idée du « on le tue pour récupérer sa potion magique et on repart » est tellement gros et forcé que je n’arrive pas à me sentir ému.
          On nous a présenté les baleines un peu plus tôt, en nous disant qu’elles étaient plus intelligentes que les humains, et je comprends l’envie derrière tout ça. Cependant… Dès que les sous-titres sont apparus pour les faire parler, on m’a perdu. A ce moment-là, j’ai abandonné tout espoir et je me sentais comme Dory qui parlait la baleine.
Déjà, on ne comprend pas comment Lo’ak finit par parler à Payakan, juste il ne comprend pas puis deux jours après il comprend, donc on ne saura jamais comment les deux espèces arrivent à communiquer. Mais surtout… Les sous-titres ? Vraiment ? Il n’y avait rien de mieux, du genre… Ne pas les traduire ? Ça aurait été beaucoup plus logique, et beaucoup moins débile.

Mais bref, apprenant que les tulkun sont en danger, Lo’ak décide d’aller avertir son copain Payakan et découvre que celui-ci… est marqué d’une balise.
Alors, je vais citer le film puisqu’en plus d’oublier le premier film, il s’oublie lui-même : ils ciblent une mère avec son petit, car le petit est plus lent et la mère ne le laissera jamais seul. Donc, Payakan, un mâle seul, leur échapperait très facilement, alors pourquoi l’avoir pris en chasse ? Oh bah ça tombe bien alors, hasard de dingue.
Bref, des enfants, je sais même plus lesquels, se font enlever, d’autres non, et les metkayina décident de partir en guerre.


3) Spider et Quaritch

Avant de parler du dernier acte, j’aimerais faire un aparté sur l’histoire de Spider et Quaritch, et leurs personnages respectifs parce que j’ai un gros souci avec eux.

Commençons par Spider. J’ai déjà exprimé en quoi sa simple présence m’horripilait, mais au-delà de ce problème, c’est ce qui est fait de lui qui pose soucis.
         En effet, c’est un enfant humain qui a grandi avec les omatikaya : en bref, il n’est pas bien différent d’eux. Il parle, marche et pense comme eux. Cependant, pourquoi le film n’en a pas profité pour parler plus profondément du personnage ? Non parce que, quand j’ai entendu dire qu’un enfant humain serait de la partie, je me suis dit : on va se questionner sur, comment devenir un Na’vi sans avoir d’avatar. Parce que si Spider agit comme les Na’vi, il lui manque le corps afin de pouvoir respirer et se connecter au monde autour de lui. Donc il ne peut pas dompter les animaux, voler sur un ikran, respirer librement… En fait le personnage doit souffrir de tout ça !
Qu’en a fait le film ? Il se peint avec des rayures bleues ce qui fonctionne pour les animaux et il se questionne principalement sur son père. Ah. Donc pas de questionnement sur sa nature profonde d’être humain adopté par les Na’vi, sur sa place sur cette planète. Juste un « parfois ça vaut mieux de ne pas savoir qui est ton père ».
          Ce qui est rigolo, c’est que même ça le film ne sait pas le faire. Depuis sa toute jeune enfance, et vu le commentaire qu’il lâche à son propos, Spider a dû être bercé par les commentaires négatifs sur son père : l’amour que lui porte Neytiri ne doit faire que confirmer tout ça. Or, lors de sa rencontre avec l’homme, et pendant tous les mois qu’il passe avec lui, Quaritch ne va rien faire pour infirmer ces racontars : au contraire. Et que va faire Spider ? Accompagner Miles afin de lui montrer comment doit vivre un omatikaya. Alors d’accord, le jeune homme fait ça pour éviter de retourner dans la machine qui lit les pensées. Mais au cours du film, le gamin montre qu’un lien s’est forgé entre lui et Quaritch : il rit avec lui, lui apprend personnellement des choses, et même face à toutes les horreurs que produit encore plus Miles, il le sauve à la fin. Mais pourquoi, qu’essaye de faire le film ? Est-ce qu’on doit douter de Spider ? Est-ce qu’on doit l’aimer alors que Jake et Kiri ne parlent de lui qu’une fois ? Je ne sais pas, je ne comprends rien à l’utilité de ce personnage.

Ce qui me fait passer à Quaritch.
          L’idée de faire revenir Quaritch dans un corps d’avatar, bon j’ai du mal à accrocher, mais en soit elle est intéressante. Le méchant du premier film, l’incarnation de l’humanité virile, toxique, raciste et spéciste devient son ennemi.
Le truc c’est que Quaritch il n’a pas l’air d’être plus embêté que ça d’être dans le corps de l’ennemi. Je veux dire, passé sa naissance, on ne sait pas si c’est son apparence, sa renaissance ou le fait d’être entouré d’avatar qui le surprend, il s’en fiche complètement.
De plus, ça ne changera absolument rien à sa vision du monde. Alors que chez Jake, être un avatar lui faisait comprendre ses erreurs passées, ici, à la fin du film, Quaritch n’a rien appris. Le truc, c’est que dans le 1er film, on devait comprendre que ce qui différenciaient les humains et les Na’vi, c’était la queue de connexion de ces derniers. Ils pouvaient se connecter au monde qui les entourait et donc mieux le comprendre : Jake est littéralement fasciné par ça. Or ici, le fait que Quaritch subisse la douleur de son ikran ne change rien, on ne le voit même pas plus surpris que ça. Donc : à quoi ça servait de le transformer en avatar ?
           Et même : à quoi ça servait de ramener le personnage, si on ne voit pas de changement chez lui ? Je sais que Cameron veut faire cinq films, mais il faudrait peut-être commencer par faire un soupçon de quelque chose, parce que pour l’instant on a juste deux films avec le même personnage qui ne meurt pas miraculeusement et qu’on a juste envie d’étrangler.
D’ailleurs, le film appui plusieurs fois sur le fait que Quaritch n’est pas le même personnage que dans le premier film, lui-même dit « Je ne suis pas cet homme ». Sauf que, mon gars, si tu as ses souvenirs, tu es cet homme. Surtout qu’il agit exactement comme le personnage du 1 donc je ne comprends pas cette envie de vouloir montrer qu’ils ne sont pas les même pour finir par avoir le même personnage.


4) La fin

Le dernier acte commence donc avec ceci : Lo’ak, Tuk et Tsireya sont prisonniers des humains. Spider et Quaritch sont avec eux. Jake, Neytiri et les metkayina se préparent à partir en guerre.
Je ne vais pas jeter la pierre à chaque tournant, j’aime bien cette bataille finale parce qu’elle est plus intime et possède moins d’enjeux que celle du premier film, donc enfin on ne copie plus tout. En plus les poissons volants sont très jolis vu d’en haut, et l’intervention de Payakan est plutôt classe. Les plans sont beaux, rapides, efficaces, très bien filmés.
Le moment se casse un peu la gueule dès que… les metkayina disparaissent. Vraiment, à un moment, Neytiri est coursée par Quaritch lui-même poursuivi par Jake, et à partir de là, on ne verra plus jamais les metkayina. Que leur fille et future cheffe soit toujours prisonnière ne leur pose apparemment aucun soucis… Je rigole, évidemment, mais je me demande à quel point il faut ne rien avoir à faire de son histoire pour perdre d’un coup 50 personnages.

          Bref, certains se libèrent, d’autres se refont prisonniers, et Neteyam meurt.
Neteyam. Le seul pour qui le film n’en avait rien à foutre. Je pourrais dire que ça m’a surpris mais évidemment que non. Parce qu’on a Lo’ak et son arc avec Payakan, Kiri et son questionnement personnel, Spider et son développement bizarre avec Quaritch, et Tuk qui est juste la plus jeune et incarne l’innocence. Neteyam c’était juste… Neteyam, point.
Du coup, ça engendre la folie meurtrière de Neytiri. Et sur le papier, j’apprécie de voir la douleur d’une mère. Le problème, c’est que le film a passé son temps à parler du fait d’être père : Neytiri, on ne la voit jamais parler à Neteyam. Jamais. Elle est le plus souvent avec Tuk, et elle parle une fois à Kiri. Il n’y a pas une seule scène de lien entre les deux. Donc, elle est folle de chagrin parce que dans l’imaginaire de Cameron, une mère, de base, est triste quand son enfant meurt. Bref.
Le pire dans tout ça, c’est que oui, tout ce qui à trait avec la mort de Neteyam est super bien fait ! Le désespoir de Neytiri, la tristesse de Jake, Lo’ak qui s’en veut, la musique change enfin, même son enterrement. Mais le gars on ne le connaissait pas, comment voulez-vous que je sois triste pour lui ? Encore une fois, l’ilu qui se fait tuer pour rien plus tôt m’a plus ému.

Ensuite, les scènes de combat sur le bateau sont vraiment bien chorégraphiées et impressionnantes, mais le tout est gâché par la peur de Spider envers Neytiri : ça rend le désir de sang et de vengeance de cette mère endeuillée proche de la folie, et le moment où il se cache alors qu’elle hurle comme une folle la rend plus hystérique qu’autre chose.
Surtout qu’elle casse son arc. L’arc offert par son père pour protéger le peuple des omatikaya, brisé lors d’un combat pour venger son fils. Je ne comprends absolument pas la symbolique du moment : elle fait son travail, protéger son peuple de ceux qui viennent du ciel. Elle a mérité quoi pour avoir son arc brisé de cette manière ? Mais bon, le film oublie ça dès le moment où ça arrive et n’en reparle plus jamais.

Après, il y a double prise d’otage qui là encore, ne fait aucun sens dans la scène. Quaritch retient Kiri tandis que Neytiri retient Spider.
Je reviendrais plus tard sur le racisme de Neytiri mais dans la scène, on ne comprend JAMAIS si Neytiri bluffe, si Spider sait que Neytiri bluffe ou non, si Spider fait partie du bluffe de Neytiri et si Kiri le comprend, et si Quaritch bluffe sur le fait que perdre son fils le touche ou non. Vraiment cette scène est un foutoir monumental : on ne comprend pas ce que pensent les personnages et c’est un gros problème parce que quand la scène se termine, Quaritch est présenté comme le seul bon des personnages, puisqu’il est le seul à relâcher son otage pour sauver quelqu’un d’autre. Et puis surtout, Spider ne semble pas plus touché que ça d’avoir frôlé la mort alors que la fin du film nous montre qu’il devient le fils adoptif des Sully, sans en vouloir à Neytiri. Vraiment il n’y a aucun sens là-dedans.

Bref, la famille veut s’échapper mais un mur de flamme leur… barre la route.
Les gars, vous avez passé la moitié du film à apprendre à retenir votre respiration, c’est peut-être pour savoir plonger. Mais bref, comme tout le monde semble décidément débile dans ce film, ils remontent sur le bateau au lieu de passer dessous comme ils le feront dans cinq minutes. Enfin, évidemment c’est pour forcer la scène qui vient, à savoir la séparation de la famille.
          Jake et Quaritch se battent sur la même musique que dans le final du 1, à ce point-là j’espérais être habitué mais toujours pas, c’est d’une débilité sans nom de répéter comme ça les musiques.
Sur le bateau qui se retourne, rappelant évidemment Titanic mais donnant lieu à des scènes de tension vraiment bien faites, Tuk se fait aspirer par l’eau et Neytiri plonge pour la sauver, tandis que Lo’ak cherche son père, Spider sauve le sien et que Kiri fait sa petite danse pour sauver sa mère et sa sœur.
En vrai, cette scène est très jolie dans le sens où l’ennemi, ici, c’est l’eau. Pas d’antagoniste, juste la famille qui se retrouvé piégée par l’eau, qui prend et donne sans remords. C’est joli, les scènes s’enchaînent parfaitement et enfin la musique fait quelque chose d’utile, à savoir un nouveau thème. Je me retrouve à retenir ma respiration et c’est très joli en même temps.

Sauf que tout ça est gâché par le fait que Spider décide de sauver Quaritch, et ça ne fait aucun sens.
Spider a entendu pendant toute son enfance, et vu pendant tout le film que Quaritch était quelqu’un de mauvais et que le fait de le faire revenir en avatar n’y changeait rien. Pourquoi le sauve-t-il donc ?
Le film tente de montrer que c’est le choix de Quaritch, à savoir libérer Kiri pour sauver son fils, qui amène à ce revirement. SAUF qu’à ce moment-là, le film nous implique que Spider savait que Neytiri bluffait, puisqu’il n’a pas peur de la na’vi après ça. Donc en quoi il peut être redevable envers son père ?
Vous savez ce qui expliquait ça ? Une scène coupée où on montre que même Kiri libérée, Neytiri voulait tuer Spider. Oui oui. Mais la scène est coupée, et le film, sans montrer les conséquences comme la peur de Spider envers Neytiri, implique l’inverse, à savoir le fait que cette dernière bluffait. Bref, encore une fois, aucun sens.

Enfin, les Sully vont bien et adoptent Spider parce que « un fils pour un fils » (j’ai même plus la force d’être outré), et Jake décide que sa maison est maintenant là où est enterré son fils.
Je ?
          Alors. Vous savez, le moment pivot du film, le moment où tout le monde pleure parce qu’ils doivent abandonner leur maison (pour aucune raison valable autre que parce que le scénario l’a décidé, mais passons). Quand un film démarre son deuxième acte de cette manière, avec un moment déchirant, une musique forte, épique et triste, parce que les personnages doivent quitter tout ce qu’ils n’ont jamais connu, en toute logique, c’est parce que les personnages vont y revenir à la fin du film. Ils auront gagné leur combat et le droit de retrouver ce qu’ils ont perdu. Même, le moment déchirant du film, à savoir la mort de Neteyam qui, dans un dernier souffle, va dire « Je veux rentrer à la maison » ce à quoi son père va répondre, en larmes « Je sais je sais, on va rentrer à la maison ». Donc, en toute logique, les Sully devraient rentrer chez eux, puisque comme l’a dit la femme du chef dont j’ai pas du tout retenu le nom mais j’ai retenu qu’elle était enceinte en bonne femelle qu’elle est, « on ne fuit pas le danger ».
          Le film, qui ne suit aucune logique, décide donc d’enterrer Neteyam sur place et Jake dit donc que désormais, c’est ici leur maison.
Pour me raisonner sur ce choix débile qui n’est motivé que par l’envie de Cameron de montrer la mer, on m’a dit « Oui mais leur fils est enterré ici ». Déjà, ils auraient pu l’enterrer dans la forêt, puisque tel était son souhait et que dans leurs visions, Neteyam apparaît dans la forêt. Ensuite, on nous dit tout le long du premier film que la planète est comme un gigantesque cerveau, que tout est relié. Donc oui, s’ils étaient rentrés chez eux même après avoir enterré Neteyam, ils auraient pu entendre sa voix grâce à l’arbre des âmes. Cet arbre qui était le point culminant du premier film, que tout le monde voulait protéger alors qu’apparemment ils fleurissent de partout (bon là on a une algue des âmes).

         Bref, tout ça pour dire que : Cameron n’en a rien à faire de son lore, de ce qu’il a construit pour le premier film. Il voulait montrer la mer, et il l’a forcé à un point que c’en devenait risible dès les premières minutes.
Vous savez, si vraiment il voulait montrer la mer, il y avait un scénario plus logique : les humains reviennent, décident de s’installer plus loin que chez les omatikaya, dans un lieu où les Na’vi ne les connaissent pas comme chez les metkayina, et ceux-ci demandent de l’aide au clan qui a réussi à combattre ceux qui viennent du ciel. Logique, simple, efficace.
         Le pire avec cette histoire qu’on nous a pondu, c’est que là, dans mon résumé, j’ai retiré l’élément le plus intéressant du film et ça ne change rien à l’histoire : j’ai nommé Kiri.
Kiri, on imagine facilement qu’elle est la Jésus de Pandora, fille d’Eywa. Elle est ultra intéressante, et pourtant le film l’oublie tout le temps. Vous savez comment elle a pu monter son ikran ? Elle ne l’a pas dompté, elle lui a demandé. Est-ce montré par le film ? Eh bien non, on préfère voir la mer. Et même quand on voit ses pouvoirs à la fin, quand elle contrôle les plantes et les poissons… On ne se questionne de rien, personne n’en parle, tout le monde s’en fiche. Alors que même ça ça aurait été intéressant à discuter !

Une idée de film toute bête : on suit le développement de la famille Sully, dans la jungle. On découvre avec surprise au bout de plusieurs minutes que Grace donne naissance à un bébé ; on suit le parcours de Kiri quand elle grandit, sa différence (elle dit qu’elle se sent différente à un moment… Mais le film ne nous l’a jamais fait ressentir !), son lien avec Eywa. D’un autre côté, on suit le développement de Spider, un humain qui voudrait être Na’vi. On peut même développer Neteyam et Tuk, et donner à Lo’ak une histoire ressemblant à celle qu’il a avec Payakan. Allez, à la limite, un combat final avec une autre tribut Na’vi qui ne veut plus de ceux qui viennent du ciel, ou qui veulent s’en prendre à Kiri pour X raison. Voilà. UN scénario qui tient sur deux heures, qui ferait rêver et qui serait tellement plus logique que la bouse que non pas un, ni deux, ni trois, mais bien cinq scénaristes nous ont pondus.


II- Des thèmes contradictoires avec le premier film
1) Sexisme, racisme, spécisme, militarisme

Le premier Avatar était un film qui démontrait les problèmes du racisme, spécisme et sexisme. Franchement revoir ce film et revoir à quel point ses idées sont toujours d’actualité est un peu triste, mais quand même agréable car ça rend le film encore plus puissant dans ses propos.
Et c’est là que le deuxième film se plante de manière assez astronomique.

Déjà, Avatar premier du nom était incroyable quant au message féministe qu’il faisait passer : les antagonistes étaient des hommes qui incarnaient la toxicité masculine, la virilité, et Jake en faisait partie en début de film. Or, en apprenant à vivre avec les Na’vi, il acceptait sa part féminine, en se construisant une nouvelle personnalité grâce à Neytiri, Grace et Eywa.
De la même manière, les hommes de la RDA passent leur temps à taper du poing sur la table et tout casser, là où les femmes Na’vi exercent plus de puissance, en démontre l’apparition de Mo’at qui fait taire les cris du clan avec un seul mot. Cependant, les femmes Na’vi savaient aussi se battre avec férocité. Bref, la balance était excellente.
         Dans cette suite, eh bien… La place de père est prônée face au reste. Jake dit sans arrêt « un père protège », et lui seul a le droit d’avoir des scènes avec ses enfants. A la fin, quand il revoit Neteyam, alors que Neytiri est celle qui a pété un câble face à sa mort, c’est lui qui a le droit de discuter avec son fils, pendant que la femme a juste le droit de regarder.
De la même manière, le film questionne souvent qui est le père de Spider, et même le père de Kiri, mais jamais on ne saura qui est sa mère.
Mais le pire c’est la scène où les Sully demandent l’asile : Jake qui dit « Excusez ma femme, elle est fatiguée » c’est une des phrases les plus sexistes que j’ai jamais pu entendre. Non seulement il lui dit de se taire, mais en plus il lui retire carrément son statut d’être pensant parce que, bah elle est fatiguée. A la limite de dire « Excusez ma femme, elle a ses règles ».
Non et puis, la femme du chef des metkayina refuse de voir arriver les Sully : c’est son mari qui aura le dernier mot. Ah il est loin le temps où Mo’at faisait taire tout le clan et prenait les décisions et interprétaient les signes d’Eywa… Non ici on a juste les deux femmes qui se crêpent le chignon.
          Enfin, et je l’ai déjà dit, mais Neytiri est effacée tout le reste du film. Elle n’a le droit qu’à une petite scène avec Kiri, sinon son rôle est principalement de prendre soin de Tuk, possiblement car c’est la plus jeune alors maman doit encore s’occuper d’elle.
Et puis même chez les enfants c’est une blague. L’arrivée de Tsireya au ralenti, sortant de l’eau, remontant ses cheveux dégoulinants, la bouche en cœur… Heu, c’était pour quoi faire, faire baver les mecs ? On est loin du ralenti de Neytiri qui combat les viperwolves pour sauver Jake. De même, alors que Kiri est beaucoup plus intéressante que tout le reste des enfants, on se concentre principalement sur Lo’ak et Spider parce qu’ils ont un arc narratif qui inclut les pères.
Enfin, la femme du chef est présentée comme une matrone par Jake, et aussi par le film : je l’ai vu le chef et sn petit regard de « oh zut, ma femme est là, elle va se fâcher ».
          En bref, non seulement ce film insulte son prédécesseur, mais je me suis tout autant sentie insultée. Les femmes sont réduites au silence, à des corps dégoulinants d’eau, ou en arrière-plan car elles n’ont pas de lien avec le père.

Passons maintenant au racisme. Évidemment, le premier film était là aussi une pointure quant à ce sujet : reproduisant un colonialisme déchirant avec la chute de l’Arbre-Maison, on découvrait que ceux qui étaient différents de nous étaient en fait bien plus humains. Acceptants peu importe les différences.
          Vous me venez venir, ici dans le 2ème film, c’est une vaste blague. Déjà, Neytiri devient raciste sans raison. Je le savais avant de voir le film et j’espérais une raison concrète : rien. Neytiri déteste Spider parce qu’il est un être humain. Mais… Spider est un enfant, élevé par les scientifiques qui ont toujours aidés et soutenus les Na’vi. Donc, couplé à son éducation Na’vi, Spider n’a absolument aucune raison de devenir mauvais, et Neytiri a encore moins de raison de le détester. Elle est tombée amoureuse de Jake, lui a pardonné ce qu’il a causé alors qu’il est le responsable direct de la mort de son père ! Et ne me dites pas qu’elle le déteste à cause de son sang, car elle sait très bien, encore une fois grâce à Jake, que le sang ne veut rien dire. Jake est arrivé et était « comme un petit enfant », elle lui a appris tout ce qu’il devait savoir et l’a accepté. Spider est un véritable enfant et elle le déteste sans raison.
         Et encore, si ça n’était que ça… On apprend que même entre eux, les Na’vis sont racistes. Arrivés chez les metkayina, les Sully sont moqués pour leur queue trop fine, leurs bras trop maigres, et ne serviront apparemment à rien. Pire encore, la femme du chef les déteste juste parce qu’ils ne sont pas de vrais « Na’vis »… Alors que dans le premier film, on nous expliquait justement que les omatikaya avaient accepté sans sourciller les humains, notamment le programme avatar, parce qu’ils ne pratiquent pas de ségrégation !
Le seul qui faisait vraiment office d’antagoniste léger c’était Tsu’tey, dans le 1er film. Or, c’était après que les humains aient commencé à tuer des omatikaya : donc franchement, son ressentiment, je le comprends. Mais là, celui de Neytiri et des metkayina ne fait absolument aucun sens.

Le spécisme était traité de manière un peu spéciale dans le premier film. Alors certes, la plupart du temps c’était bien fait :  les Na’vi traitent n’importe quelle espèce au même niveau qu’eux-mêmes. Le seul problème étant avec les ikran.
         Vous vous souvenez, de ces belles mises à mort où les omatikaya s’excusent d’avoir pris la vie, et remercient Eywa pour la chair qui sera mangée ? On peut les oublier. Plusieurs fois à l’écran, les personnages tuent des poissons et n’en ont rien à faire du respect parce que, c’est bien connu, le poisson est une plante.
Mais le pire, c’est un des commentaires du chef des metkayina qui me fait rire à chaque fois : « On savait que ceux qui viennent du ciel chassaient les tulkun, mais c’était bien loin d’ici ».
Donc le clan, grand ami des tulkun, savait que des tulkun se faisaient tuer et ne faisait rien ??? Mais en QUOI c’est logique ? Les omatikaya ont littéralement pété un câble quand un arbre des voix a été détruit, Neytiri était triste d’avoir tué des viperwolves, mais ces gens-là ne font rien ? Mais bon sang non seulement le film ne s’attarde jamais sur les metkayina, mais en plus il ne nous donne jamais envie de les aimer !
         Et tiens, parlons vite fait du fait que la faune de Pandora n’attaque plus les Na’vi. Alors non seulement l’équilibre de la vie sur lequel veille Eywa n’existe plus, mais pourquoi elle privilégierait les Na’vi ? Qu’ont-ils gagné pour ça ? Même Eywa est devenu spéciste.

Passons enfin au militarisme. Dans Avatar 1, même si on avait quelques plans classes sur les machines pour donner envie au spectateur, grosso modo le constat du film était que les armes et les grosses machines, ce n’était pas forcément la meilleure chose. Le tout démontré par Jake qui ne donne jamais ses astuces ou objets militaires aux omatikaya, mais qui abandonne tout ça pour être comme eux.
          On commence à s’habituer, ici, c’est l’inverse. Déjà au début du film, on comprend que les Na’vi utilisent des armes humaines. Ça va totalement à l’encontre de ce que prônait le premier film, et encore plus à l’encontre du message du sauveur blanc : Jake n’était pas un sauveur blanc parce qu’il ne leur apportait pas la technologie, au contraire, il s’adaptait aux Na’vi. Son point fort était évidemment de connaître les failles des armes ennemis, et il utilisait des bombes et des mitraillettes, mais ça s’arrêtait là ! Alors qu’ici, donner aux Na’vi des armes humaines les rend juste… peu intéressants. Et ça n’était pas utile puisque le premier film prouvait qu’ils n’en avaient absolument pas besoin.
          Mais pire que tout, c’est la façon dont Jake élève ses enfants : comme une équipe militaire, à grands renforts de « rompez » et « obéissez à mes ordres », « yes sir ». Encore une fois, le but de Jake dans le 1, c’était d’oublier tout ça et de s’intégrer à la culture Na’vi ! Sa part militaire, et sa masculinité toxique, il la laissait partir pour être en phase avec Pandora. Le film nous vend ça pour qu’à la fin on soit émus devant un Jake qui dit « je te vois » à son fils qui vient de le sauver… Mais ça n’a aucun sens parce qu’en plus, Lo’ak mettait réellement tout le monde en danger tout le temps.
Bref, quand le premier film se terminait avec la renaissance littérale de Jake, c’était parce que l’arc du personnage de ce côté-là était fini : il était devenu un véritable Na’vi. Donc oui, je m’attendais à revoir un Jake plus doux, utilisant un arc et des flèches et n’ayant plus rien à voir avec un humain, au moins dans les grandes lignes. Là, franchement, il pourrait être un humain que ça ne changerait rien au film.

2) Une autre planète

Une des choses qui avait le plus plu aux gens, dont moi, dans le premier Avatar c’est cette nouvelle planète que le film savait nous offrir : Pandora. Une planète assez semblable à la nôtre, et pourtant si différente, avec sa faune et sa flore bioluminescente, reliées entre elles comme les synapses d’un cerveau, phénomène apparaissant sous le nom d’Eywa par les Na’vi.
Non seulement ça, mais le travail de la faune était impeccable : des animaux possédants tous un système de six pattes, deux queues, une respiration thoracique, pas de poils, avec une évolution humanoïde pour les Na’vi. Ces derniers ont notamment bénéficié d’un travail particulier afin de les faire marcher, penser, bouger autrement que des humains : un coach aidait les acteurs notamment pour la gestuelle, et leur façon de penser nous était introduite tout au long du film, avec un personnage qui dénigre cette idée avant de faire une prière à Eywa.
En bref, cette planète continue de me faire rêver aujourd’hui. Et je pensais vraiment que ce serait le cas avec les metkayina. Cependant, le film possède énormément de problèmes de ce côté-là.

         Déjà et avant même de rencontrer les metkayina, le problème se posait : les enfants qui s’appellent « bro » à tout bout de champs alors qu’ils disaient « mon frère » dans le premier film, bref on dirait une parodie, et c’est à se demander pourquoi ils ont pris la peine de leur mettre un accent en anglais. Mais surtout, ils marchent et pensent comme vous et moi ! Quand Tuk en veut à son frère de se moquer d’elle, elle ne crache pas, elle lui tire la langue. Quand ils vont sur l’ancien lieu de bataille, ils sautillent tous de la même manière, une manière très humaine. La seule qui transmet encore des gestes Na’vi est Neytiri, mais pour le peu qu’on verra d’elle, c’est à se demander pourquoi l’actrice s’est donnée la peine. En fait, on dirait que le coach qui aidait tous ces gens est parti et a été remplacé par celui qui leur apprend à retenir leur respiration.
         Evidemment, c’est la même chose chez les metkayina : ils marchent et pensent comme des humains.
Le pire, c’est la pensée. J’ai déjà parlé du racisme qu’ils ont à se moquer du corps des omatikaya, mais le film nous met carrément trois ou quatre harceleurs dans le lot en la personne de… Bon, je n’ai pas retenu leurs noms. Dans tous les cas, ils passent leur temps à se moquer des enfants Sully, et notamment de Lo’ak, qu’ils n’hésitent pas à attirer au-delà du récif afin de lui faire risquer la mort. Même Tsu’tey dans le premier film, qui pourtant en voulait encore plus à ceux qui viennent du ciel n’a rien tenter de la sorte contre Jake ! Et quand il a tenté de s’attaquer à lui, c’était face à tous, pas un coup de poignard dans le dos ! Ces gamins ont été éduqués comment sérieusement, par des humains ?! On dirait un groupe de harceleurs à capuches prêts à sortir un couteau papillon et à demander des comptes, pas des enfants éduqués sur une autre planète.
Plus exécrable encore, c’est le traitement qu’ils donnent à Kiri. Ils se moquent d’elle alors qu’elle est en transe. Ils se moquent d’un Na’vi qui a une profonde connexion avec Eywa ! Où est la logique ?
           Surtout que là, pendant tout le film j’ai eu envie de hurler sur les Na’vi concernant Kiri. Dans le premier Avatar, Neytiri remarque tout de suite les graines de l’arbre sacré se poser sur sa flèche, puis revenir sur Jake pour le marquer comme un élu. Alors comment, je dis bien COMMENT PERSONNE n’a pu voir, pendant tout le film, la connexion profonde que Kiri semble avoir avec Eywa ? Bon sang à chacune de ses apparitions les animaux la suivent, les graines se posent sur elle, les poissons nagent à ses pieds, elle le dit elle-même « Je l’ai encore fait ». POURQUOI la seule à remarquer ça c’est la femme du chef metkayina qui n’en parlera même pas ?
L’idée d’explorer ça dans un futur troisième film, si frustrante fut elle, j’aurais pu l’accepter, si ce n’était pas pour… sa crise d’épilepsie. Quand elle est dans le coma, personne ne va se dire « dites, elle a une grande relation avec Eywa, c’est peut-être à cause de ça ? ». Non non, le poto de Jake va juste dire « Ah mais c’est normal avant une crise d’épilepsie on se sent toujours proche de dieu ». Alors peut-être, je ne sais pas, je ne suis pas médecin. Mais le gars est en train de poser un diagnostic humain sur un Na’vi ! Puis bon, je passerais outre la connerie de Jake qui préfère s’en remettre, encore une fois, à la technologie humaine plutôt que celle Na’vi, alors qu’il était le premier à croire en eux pour soigner Grace à l’époque.


Enfin, et c’est vraiment un des points que j’aime le moins dans le film : l’océan est ennuyeux.
          Alors déjà je fais taire les critiques : comme le reste du film, c’est beau. C’est même magnifique quand on connaît un peu la modélisation 3D et qu’on sait à quel point l’eau est une torture à faire. Donc la prouesse réalisée par ce film est sans égal.
Le truc c’est que… la forêt de Pandora, pour sa flore notamment, avait été imaginée d’après nos océans, avec sa bioluminescence nocturne et ses plantes étranges. Du coup, ici on découvre un océan très, heu… océanique. Des poissons, des méduses, des coraux, des algues. Et tout ça n’est même pas très beau ou étrange parce que dans nos fonds marins, dont on ne sait pratiquement rien d’ailleurs, il y a des animaux beaucoup plus impressionnants et étranges. Et j’en ai passé du temps à regarder des bouquins sur les créatures étranges, donc oui, l’océan est ennuyeux. Surtout que, d’un point de vue totalement personnel, nager sur un ilu donne beaucoup moins envie que de voler sur un ikran.
D’ailleurs, la faune est terriblement passive. Dans Avatar 1, il a fallu trente secondes à Jake pour se faire attaquer par un marteaureau, un thanator, un Na’vi et des viperwolves. Ici, dompter un poisson volant semble difficile parce que… heu… Il va vite je suppose ? Il n’est même pas dangereux comme l’étaient les ikran ou Toruk.
Dans le premier film, Jake avait du mal à apprendre comment gérer la faune et la flore de la forêt. Il fallait apprendre à courir, grimper, se laisser tomber, apprendre à monter des animaux, dompter un ikran, interpréter des pistes, des bruits… Dans l’océan, il suffit de faire trempette et d’apprendre à retenir sa respiration, chose que Neytiri n’apprendra même pas. (il y a d’ailleurs une scène coupée qui me met hors de moi, où elle tente de monter un ilu sans succès et la femme du chef lui dit qu’elle essaye de voler comme sur un ikran, alors qu’un ilu ne vole pas. Déjà, ça fout en l’air le fait que les Na’vi apprennent vite, car comme le dit le premier film, « ils apprenaient plus vite notre langue que nous la leur », mais surtout, Neytiri sait monter des pa’li et a même chevauché un thanator ! D’où elle ne saurait pas monter un ilu ? Bref).
          Chez les omatikaya, on apprenait que le rite de passage pour faire partie du clan imposait de dompter un ikran.
Chez les metkayina, on comprend (ou pas, en fait ce n’est jamais vraiment expliqué) que c’est en se connectant avec un tulkun que l’on peut avoir ce droit. Or, quand Lo’ak se connecte avec Payakan, tout le monde est énervé, car Payakan est censé être un assassin. Je comprends l’idée, mais en même temps… J’ai du mal. Parce que dans le premier film, le plus grand danger des airs, c’était Toruk. Et dompter Toruk vous faisait devenir Toruk Makto, cavalier de la dernière ombre, quelqu’un de puissant. Or, Toruk est aussi un chasseur féroce, qui tue pour se nourrir, que ce soit Na’vi ou ikran. Sauf que vous ne me ferez pas croire que les tulkun ne mangent que des algues, et qu’ils ne tuent pas d’autres êtres vivants.
Donc Payakan est un tueur car il est l’auteur d’un massacre incluant des Na’vi et des tulkun, ce qui signifie que les Na’vi et les tulkun sont considérés plus importants que les poissons, chose confirmée par le film qui dit que si quelqu’un chante (les Na’vi chantent, les tulkun créée des chants), c’est quelqu’un d’intelligent donc qui ne mérite pas de mourir. C’est spéciste au possible. Déjà on repose un problème d’éthique, mais surtout, faire ami-ami avec un tulkun, ça semble encore plus simple vu comme ça, donc en quoi le rite de passage est-il important ? Quand Jake parvenait à dompter Toruk, on sentait que peu importe qu’il soit venu du ciel ou non, qu’il soit Na’vi ou non, il était devenu quelqu’un d’important qui avait du pouvoir. (D’ailleurs, c’est aussi une chose dénigrée par les metkayina car le fait qu’il soit Toruk Makto a l’air de leur passer complètement au-dessus de la tête). En conclusion et pour la 33ème fois depuis le début de cette analyse : ça n’a aucune logique.
          Enfin : où est Eywa ?
C’est bien joli d’entendre Kiri et Neytiri répéter « grande mère » à longueur de temps, mais où est-elle chez les metkayina ? Ces derniers ne sont liés qu’à l’eau, jamais ils ne parlent d’Eywa, sauf quand la femme du chef soigne Kiri en faisant des prières.
Neytiri qui apprend à Jake qu’ils ne doivent faire qu’un avec la nature, qu’ils ont tous une énergie prêtée qu’ils doivent rendre, que tout a une conscience, c’était beau. Ici, ce qu’on apprend aux Sully c’est… déjà retenir leur respiration, et aussi évidemment, le titre du film, « la voie de l’eau » : « La voie de l’eau n’a ni commencement, ni fin. La mer est autour de toi et en toi. La mer est ta maison, avant ta naissance et après ta mort. Nos cœurs battent dans les entrailles du monde. Notre souffle brûle dans l’ombre des profondeurs. La mer donne, et la mer prend. L’eau relie toute chose : la vie à la mort, l’obscurité à la lumière. »
Alors oui, c’est joli. Non franchement. Le problème c’est qu’avec ça, on oublie totalement Eywa. Que fait elle là-dedans ? Est-ce que les metkayina préfèrent aduler la mer à leur déesse ? Ont-ils une sorte de déesse pour l’eau ? A priori non, mais ils la mettent sur un piédestal évident. Sauf qu’encore une fois, ça ne fonctionne pas dans une suite d’un film qui a fait d’Eywa une planète vivante. Il aurait suffi de pas grand-chose, de relier l’eau à Eywa, et le tour était joué : mais Cameron voulait son histoire d’eau et il oublie totalement le reste.


Conclusion
Vous l’aurez sûrement compris, ce film m’a déçu à un point inimaginable.
Cameron s’est perdu lui-même parce qu’il voulait faire son histoire aquatique : il nous impose de l’eau alors que nous, spectateurs, avons découvert Pandora grâce à la forêt. Pire encore, il nous impose les mêmes personnages qui n’ont rien appris et n’apprennent rien, quand ce ne sont pas les nouveaux qui sont exécrables.
L’idée d’une autre planète non sexiste, spéciste, raciste passe complètement à la trappe car on a oublié tout ce qui faisaient des Na’vi des Na’vi pour montrer des personnages en train de nager. Ce qui fait que le peu de bonnes idées est totalement perdu sous un florilège d’idées scénaristiques artificielles qui ne sont là que pour tirer les ficelles d’un scénario sans queue ni tête., au point que cinquante personnages disparaissent du climax final sans aucune raison. Et franchement, attendre treize ans pour finir avec un truc aussi peu abouti scénaristiquement, c’est vraiment se foutre de la gueule du monde avec des paillettes.

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