Cela va faire bientôt 10 ans que je suis devenu fan de l’univers de Godzilla. Après avoir découvert le remake américain de Gareth Edwards en 2014, j’ai accroché à cet univers assez farfelu, plutôt étrange, mais qui recèle de vraies pépites.

En 2024, les fans de Godzilla ont été chanceux : une série, un film de la Toho, et un film américain. Autant dire qu’il y a de quoi manger !
Parmi eux, Godzilla x Kong était l’œuvre que j’attendais le moins. Non seulement il est réalisé par Adam Wingard qui a fait Godzilla VS Kong que je n’ai pas du tout aimé, mais cela fait un an que je connais beaucoup de détails sur le film, et plus j’en savais, moins ça m’intéressait. Scar King me paraissait sorti de nul part, Mothra semblait revenir sans aucune raison, Kong avait trop de temps d’écran, Trapper avait l’air vraiment agaçant, Kong qui voit déjà son fils alors que Godzilla est toujours seul… Bref, on était bien loin des Godzilla de 2014 et 2019, ceux que j’ai préféré, et je pensais ne pas aimer le film comme je n’avais pas aimé Godzilla VS Kong. Donc quelle ne fut pas ma surprise d’apprécier ce visionnage !

Parmi les points les plus positifs, je note déjà que les personnages humains sont assez attachants.
On retrouve Jia qui est sans doute le personnage le plus intéressant de la saga, et qui le devient encore plus. Son histoire fait référence à celle de Kong, et le fait qu’elle soit liée à Mothra est un gros symbole dont je parlerai plus bas.
Sa mère est là pour nous donner toutes les explications dont on a besoin : l’actrice s’en sort super bien alors qu’elle doit donner de nombreuses phrases clichées, donc bravo à elle.
Bernie reste le personnage drôle et loufoque, un peu lourd sur les bords mais toujours moins quand dans le film précédent. Au moins, il est le personnage qui réagit naturellement au monde qui l’entoure contrairement aux scientifiques.
Enfin, Trapper est un vrai vent de fraicheur dans la saga : un homme qui aime son travail, très optimiste, absolument pas agaçant pour le spectateur. C’est un bonheur de voir Dan Stevens s’amuser autant dans le rôle et j’espère vraiment le revoir par la suite.

Evidemment, les vraies stars du film, ce sont les kaijus, avec Kong en première position.
Kong, ce n’est pas du tout le kaiju que je préfère : je le trouve trop… basique. C’est un singe quoi. Mais sa solitude dans le film a réussit à me toucher, et les débuts de sa relation avec Suko (le petit singe) sont vraiment mignons. Bref, son histoire m’a enfin plu, même si je reste toujours sceptique vis à vis de ce titan. Comme je l’ai dis, c’est juste un singe.
Godzilla au contraire n’a pas vraiment d’histoire. C’est quelque chose qui m’inquiétait avant de voir le film car Wingard avait déjà fait ça sur le film précédent. Or en voyant le film j’ai adoré toutes ses scènes. En effet, le petit reptile passe son temps à : manger, dormir, et se battre. Ce n’est que à l’arrivée de Mothra qu’il daigne faire un petit quelque chose pour le scénario, avant de retourner dormir. Non seulement je le comprends totalement mais en plus, sa relation avec Mothra est quelque chose que je chéris énormément, donc j’ai trouvé ça adorable qu’il n’écoute qu’elle.
D’ailleurs, parlons du papillon ! Son histoire est assez spéciale car le scénario a toujours voulu de Mothra, mais personne n’était sûr de pouvoir de nouveau acquérir ses droits, et elle a donc été transformée temporairement en un nouveau kaiju nommée Fosphera. Les droits acquis, cette dernière a disparu, faisant renaitre le papillon. Il en fallait peu pour m’acheter : si les plans dans Godzilla : King of the Monsters de la bête sont superbement composés, Wingard nous offre une Mothra sans aucune poussière, à la lumière du jour, et le papillon est d’une beauté à couper le souffle.
Ensuite, nous avons évidemment le méchant du film, Scar King. C’est marrant car il était évidemment annoncé comme un véritable némésis. Sauf que au contraire de King Ghidorah, Scar King n’apparait que très tard dans le film. Du coup, moi qui pensait le détester, j’ai plus eu une pensée quelconque à son sujet : la façon dont il se déplace et se bat est intéressante, sa méchanceté est bien montrée, mais j’en pense pas forcément mieux. C’est un singe et il ne vaudra jamais des kaijus comme Ghidora et les MUTOs, mais il fonctionne pour le film, notamment avec l’histoire de Kong.
Enfin, Shimo ! Un kaiju reptilien et femelle qui plus est. Je la trouve très belle, un peu étrange, mais ses pouvoirs sont géniaux. Bref, il en faut peu pour me plaire quand on n’est pas un singe.

Je pense que au delà des personnages, humains ou kaijus, ce qui m’a plu dans ce film c’est le fait que Wingard aille jusqu’au bout de son idée. Dans Godzilla VS Kong, il était restreint par des personnages qui ne l’intéressait clairement pas, ce qui rend la partie humaine pas du tout intéressante, et la découverte de la Terre Creuse très bâclée et conventionnelle.
Ici, on voit qu’il a eu le champ libre pour faire absolument ce qu’il voulait. Ainsi, le questionnement des personnages revient juste à Jia qui se demande où elle appartient, et rien d’autre. On oublie totalement les victimes humaines pour se concentrer sur les combats de catch des kaijus. On passe la moitié du film sans aucune parole, juste avec des Titans qui font leur vie, ou se battent.
Ca amène juste un petit problème, c’est qu’on oublie très souvent qu’on voit des animaux de plus de 100m. Kong et Suko pourraient faire seulement 2m de haut que ça ne changerait rien à ce qu’on voit. Heureusement, Wingard continue à s’amuser avec sa caméra : si certains plans sont un tantinet compliqués à comprendre, la plupart sont très inventifs.

De la même manière, il faut complètement mettre sa suspension d’incrédulité en jeu. Il faut oublier les précédents Godzilla et notamment celui d’Edwards qui tentait de faire un documentaire réaliste, pour plonger totalement dans ce monde fantastique où la Terre Creuse existe, où elle habite des bêtes immenses dans un écosystème où seuls semblent exister des animaux carnivores, avec des portails qui peuvent mener à notre monde. C’est ce qui m’avait posé problème dans le précédent film : j’avais l’impression que ça cassait beaucoup trop avec les idées des précédents réalisateurs, qui tentaient une approche beaucoup plus réaliste de la chose. J’ai enfin réussi à dire à mon cerveau de se calmer et que de toute, manière, je n’y pouvais rien.
Il faut pouvoir imaginer que oui, les humains savent maintenant construire des objets tels que le bras mécanique de Kong, et peuvent vivre sans problème dans la Terre Creuse.
De la même manière, il faut oublier les pertes humaines. Là où Edwards se concentrait sur elles et les secouristes dans son film, ici, on détruit Rio sans aucune compassion pour personne. Il faut oublier tout ça pour pouvoir assister à un combat somme toute très inventif (Scar King qui utilise un immeuble pour se battre, il fallait y penser).

D’ailleurs, le fait que Wingard parte complètement dans ses idées aurait pu m’énerver, mais je trouve que ce qu’il fait des kaijus déjà connus est très intéressant, et notamment avec Mothra.
Ainsi, dans le dernier film où l’on voyait Mothra, elle était accompagnée de deux personnages qui étaient censés être les versions américaines des Shobijin (de petites fées qui font le pont de communication entre Mothra et les hommes). Le problème, c’est que dans ce film, Dougherty avait seulement insinué que ces deux humaines seraient les Shobijin, sans vraiment faire plus. Au final, c’était plus un clin d’œil qu’autre chose. Wingard aurait eu la possibilité de les réintégré et d’en faire les prêtresses de Mothra, chantant pour la faire revenir, ce qui m’aurait vraiment plu. Au lieu de ça, il a décidé de faire tout autre chose : utiliser les Iwi et Jia comme les humains connectés à Mothra, et j’avoue que ça m’a tout autant plu. Loin de vouloir refaire ce que la saga japonaise des Godzilla a tout le temps fait, il a préféré faire les choses à sa manière et utiliser Jia qui avait déjà réussi à se connecter à un autre Titan était très intelligent.
Ainsi, Wingard ne se soumet pas à ce qu’il y avait déjà mais préfère faire sa petite sauce. C’est super car dans les univers partagés, les réalisateurs sont souvent bridés quand ils doivent se passer les personnages de main en main.

Ainsi, alors que je pensais que le film avait tout pour me déplaire, je ne me suis absolument pas senti dépaysé. Godzilla 2014 restera pour moi un chef d’œuvre inégalé et probablement inégalable, et je me rends une fois encore compte qu’il faut que j’arrête d’attendre que quelqu’un refasse la même chose que ce film.
De la même manière, Dougherty avait fait de son Godzilla : King of the Monsters un film hommage à la saga japonaise de Godzilla. Ce film est vraiment unique car il reprend tous les codes et les kaijus japonais à la sauve américaine et le rendu est magistral.
Wingard, lui, préfère faire autre chose. Si il s’inspire évidemment de la saga japonaise avec ses combats de catch et ses kaijus aux mouvements très humains, ses histoires sont innovantes et il ne s’arrête pas à vouloir rendre des hommages. Il créé de nouvelles choses, auxquels on adhère ou non, mais qui sont intéressantes dans cet univers extrêmement riche qu’est celui de Godzilla.

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