Une fois par an, je peux voir mon ami.

En décembre 2019, il était difficile de passer à côté deux films d’animation : la Reine des Neiges 2, et Klaus.
A grand coups d’articles et de vidéos débattant sur lequel est le meilleur, lequel il faut voir, leurs points communs, les deux se sont vite forgés d’une puissante renommée.
Personnellement, j’ai préféré cette année là me concentrer sur le dernier né des studios Disney. En plus si on me connaît, on sait que les films approuvés pleinement par le public ne sont jamais vraiment ceux qui m’attirent au premier coup d’œil. Je ne me suis donc jamais vraiment renseignée sur le film, ne regardant ni les bande-annonce, ni les extraits, ni même un synopsis. Je savais seulement, au vu des images, qu’il y avait un facteur et que ça se déroulait à peu près à Noël.
En faisant la liste de films de Noël que je voulais voir fin 2020, je me suis souvenue de ce petit film et l’ait vu quelque jours avant Noël.
Le sort en était jeté, comme on dit. Un matin, réveillée à 6h, bien au chaud dans mon lit, j’ai lancé Netflix. Et j’en suis ressortie complètement abasourdi, empli d’un sentiment de tendresse et de mignonnerie d’un film qui se bat contre énormément de clichés.

D’abord et avant tout, ce qui m’a plongé au cœur du film, c’était le visuel. Il est absolument ma-gni-fique. J’adore les films d’animations qui ne suivent pas les règles de Disney et se démarquent complètement en inventant leurs styles (je le dis et le redis, les films de Cartoon Saloon en sont un exemple).
En le voyant la première fois, j’ai bien cru que Klaus était un film en 3D avec des textures en 2D. Quelle n’a pas été ma surprise en découvrant qu’il était quasi-entièrement en 2D ! Chose plutôt marrante, les artistes ont décidé de réaliser une idée qui m’a souvent titillé plus jeune : en effet, en regardant des films en 2D, je me demandais toujours pourquoi les personnages ne subissaient quasiment jamais la lumière. Le décors est pleins d’ombres, de lumières, de petits détails et les personnages évoluent là dedans comme s’ils étaient tout plat.
Évidemment en me renseignant plus sur les techniques de 2D j’ai compris qu’il était plutôt difficile de leur donner une vraie consistance.
Mais aujourd’hui, avec toutes ces nouvelles technologies, le studio derrière Klaus a décidé qu’il était temps de changer ça. Nous avons donc un film en 2D, avec des personnages en 2D, mais coloriés d’une telle manière qu’ils ont l’air d’être en 3D. Le travail n’en reste pas moins consistant mais qu’est ce que le résultat est merveilleux.

Non content d’avoir leurs propres techniques de visuel, le fait est que tout le film est réfléchi visuellement. Les ambiances et couleurs sont travaillées afin que le spectateur soit plongé dedans et comprenne directement le ton de la scène.
Par exemple, lorsque Jesper, imitant un vendeur de drogue, demande à des enfants s’ils veulent des jouets, il est complètement plongé dans l’ombre, pour donner une ambiance louche.
Ou bien évidemment, les couleurs complètement désaturées et froides de Smeerensburg au début du film, qui deviennent de plus en plus colorées et chaleureuses au fur et à mesure que les esprits des habitants changent.
Enfin je ne vais pas faire tous les exemples du film, mais visuellement il est d’une beauté sans pareille.

Passons au scénario du film. Ce qui me plaît vraiment chez lui c’est qu’il contient une structure narrative parfaite, sans digression ou apartés censées être humoristiques mais pas drôle, ou bien sans précipiter la fin dans la tête du spectateur. Non la structure est claire, nette, précise et intelligente.

D’ailleurs avant de partir là dedans je voulais faire une rapide explication : tout film est censé contenir trois actes. Le premier mettant en place les personnages, l’univers, mais aussi l’élément déclencheur qui lancera le film et est censé retenir le spectateur de le quitter. Le deuxième acte, le plus souvent le plus long, contiendra la plupart des péripéties dues à l’élément déclencheur, et se termine le plus souvent par un moment où les personnages ont l’impression d’avoir tout perdu et que la situation est vaine. Enfin, le troisième acte se soldera par un final le plus souvent grandiose, où toutes les situations et personnages entreront en collision, et qui permettra de conclure toutes les péripéties et le cheminement des personnages.

On a tout d’abord ce qui fait l’introduction, mais même dans cette introduction on a des petites sous-parties présentant tout le reste.

• Le prologue → Jesper nous raconte, en voix off, de quoi va parler l’histoire, en nous demandant si l’on ne s’est jamais posé la question de comment toute cette idée d’envoyer des lettres au Père Noël est venue (d’ailleurs il est bon de noter que jamais le film ne parle de Père Noël, préférant ici parler d’un « bonhomme rondouillard dans un costume rouge ». De même, il n’est jamais dit le mot cadeau, seulement « jouet », comme si le premier mot obligeait à montrer qu’il s’agissait de quelque chose d’offert obligatoirement, là où un jouet est donné). A partir de là, l’histoire n’est pas encore totalement connu de nous, spectateur, puisque moi-même je pensais que l’on allait évoluer dans un monde où le Père Noël existait déjà, et quelqu’un allait avoir l’idée d’essayer de communiquer avec lui en envoyant des lettres.
Cette scène n’est vraiment pas longue mais elle est vraiment pleine de poésie. Elle est presque le film en inversement : on commence avec quelque chose de joli, magique, avec ces lettres qui tombent d’on-ne-sait-où sur le sol, la musique vraiment magnifique qui est jouée et la voix de Jesper, et d’un coup la musique s’emballe et les lettres tombent dans un lieu rationnel qu’est le tri postal.

• Les enjeux → On arrive par le fil conducteur de cette lettre bleue à l’Académie Royale des Postes et on rencontre Jesper pour la première fois. Il est nommé facteur par son père et doit affranchir 6000 lettres depuis Smeerensburg, ne peut pas revenir sous peine d’aller vivre sous les ponts, et doit effectuer tout ça en un an pour ne pas qu’on lui coupe les vivres.
Donc, 6000 lettres, un an, pas d’échappatoire. Ce qu’il est intéressant de voir ici c’est qu’au départ, l’histoire de Jesper était totalement différente : il était un ramoneur sans le sou, vivant de malchance en malchance, avant de rester coincer dans une cheminée de la poste et entendre qu’un poste était vacant à Smeerensburg, mais que personne n’en voulait, et il se porta volontaire. Le studio a changé ça car, avant sa rencontre avec Klaus, Jesper aurait totalement pu et du revenir à sa vie d’avant, si sa nouvelle était aussi horrible que ça : il avait besoin d’une raison qui le poussait à rester dans la petite ville, d’où est venu le scénario et le personnage qu’on connaît actuellement.

L’exposition → Jesper arrive à Smeerensburg, et on rencontrera tout ce qui fera les péripéties de l’histoire de Jesper dans cet endroit.
Il y a d’abord la ville en elle-même que l’on découvre, froide et sombre, à la Tim Burton, avec ses habitants effrayants et son ambiance peu accueillante. C’est peut être l’idée qui m’a le plus surprise dans le film puisque ça n’avait absolument pas l’ambiance de Noël. Je me souviens même avoir pensé « C’est ça le film que tout le monde a acclamé ? » (oui je ne suis pas exempt de mauvaise foi).
Ensuite on rencontre Alva, tout aussi effrayante, qui montre presque ce que va devenir Jesper à force de vivre dans cet endroit humide.
Enfin on découvre une dernière chose, les habitants, et le fait qu’ils s’envoie de tout, des pots de fleurs aux boulets de canon, mais pas de lettres.

L’élément déclencheur → Ce dernier va se dérouler en deux actes.
Tout d’abord, un petit garçon de la famille des Krum va perdre son dessin que Jesper va ramasser, et ce dernier va tenter de profiter du garçon pour envoyer sa première lettre, mais non, le petit refuse évidemment. Il va donc concocter un plan pour essayer de faire envoyer des lettres aux gens de la ville. Ce que j’adore ici, c’est que tout film confondus aurait pu basé son scénario là- dessus : Jesper trouve un bon plan et on se concentre sur cette idée, le met en place, ce dernier fonctionne, le film se finit, mais pas du tout. Il y a un timelapse (d’ailleurs si on le regarde au ralenti, on voit que chaque petite image est peinte finement, le nombre de détails est hallucinant) et on se rend compte que Jesper a passé des mois à tenter des choses qui ne fonctionnaient pas.
Donc, la deuxième partie, c’est quand Jesper va aller voir Klaus. Il le fait seulement pour se prouver à lui-même qu’il n’y a vraiment rien à faire, qu’il pourra rentrer avec la sensation d’avoir fait tout son possible.
J’aime beaucoup l’introduction de Klaus puisqu’elle est plutôt drôle, avec Jesper qui en est terrifié et tente sans y arriver d’être discret (le moment où il active un jouet est aussi vraiment marrant, puisque le film nous fait croire pendant quelques instants qu’il va y avoir un bruit de tintamarre créé par ces petites cymbales alors que le bruit est tout mignon et joli, encore une fois, on déjoue le cliché), mais c’est surtout quand on voit l’homme sel, regarder le vent puis la lettre apportée à ses pieds qui est beau, magique, et mystérieux. On commence à enfin percevoir une pointe de ce que deviendra le film.
C’est Klaus qui décide d’aller voir Jesper pour savoir où habite l’enfant triste ayant dessiné. Je me répète mais la réaction de Jesper est vraiment drôle, son « S’il vous plaît ne me coupez pas en morceaux et ne dispersez pas mes membres dans les bois ! », personne ne dit ça et ça rend la réplique réellement marrante.
De même, l’effraction chez le petit garçon est vraiment drôle, avec un Jesper frustré qui lance des phrases hilarantes : « Je ne voudrais rien faire d’autre que de livrer ce qui, j’en suis quasiment sûr, ne peut être qu’une tête coupée… Ça ne peut être qu’une tête coupée. Mon Dieu je tiens une tête coupée dans ma main », « Tellement silencieux pour un homme disproport… je veux dire, bien bâti, statuesque, heu… », ou bien son « Qu’est ce qui se passe là ? » quand Klaus le porte pour le mettre derrière la grille, puis ses supplications « Ouvrez ça ! Pourquoi vous me faites ça ? […] Ok, vous avez gagné ! Qu’est ce que vous voulez ? De l’argent ? Mon père en a plein ! Vous pouvez lui écrire une lettre de rançon ! Vous pouvez écrire hein ? Oh c’est pas grave, j’écrirai pour vous ! Ahh ! Il ne saura jamais que c’est moi ! J’écrirai comme si c’était de vous ! J’utiliserais des mots monosyllabiques ! S’il vous plaît ! S’il vous plaît ! S’il vous plaît ! Laissez moi sortir ! Je vais je vais je vais je vais être… ! ». La phrase est terriblement drôle puisque (en anglais), Jesper la délivre en quelque seconde et plus ça va, plus sa voix devient aigu et il gesticule de plus en plus. Pour finir, quand Klaus l’envoie dans la cheminée, son « Pourquoooooi » suivit du bruit de goulot de bouteille quand il atterri, ainsi que ses réactions face à la dizaines de loquet et son sang froid pour les défaire, tout en répétant frénétiquement « Ouvre ! Ouvre ! Ouvre ! Reste calme, reste calme, reste calme »… C’est juste de la pure comédie, il y a longtemps que je n’avais pas vu un humour aussi naturel dans un film d’animation.
Enfin vient le premier moment absolument adorable du film : le moment où ce petit garçon découvre le jouet grenouille. La musique est splendide, la réaction de Klaus émotionnelle, et juste, voir ce petit garçon s’amuser comme ça m’a touché plus que je n’aurais pu le croire, moi qui n’aime habituellement pas les enfants. C’est absolument adorable. Et c’est aussi la première fois que l’on voit réellement la tête de Klaus, le premier moment où il n’est plus caché par son capuchon et où l’on se rend compte qu’il n’est qu’un homme bon, aspirant le bonheur de cet enfant en train de jouer.
Ce que j’aime aussi dans ce moment, c’est que Jesper pense plus à lui qu’à l’enfant : il voit que Klaus est occupé et en profite pour s’échapper, alors que Klaus reste, ce qui fait que le gamin ne verra que Klaus par la fenêtre, pas Jesper, ce qui influera sur le reste de l’histoire.

Pour moi c’est ici que se termine l’introduction. On a un joli prologue (sur ce que racontera le film, la légende du Père Noël), les enjeux (6000 lettres, un an), les présentations des personnages (Jesper, Alva, les Krum et Ellingboe, les enfants, Mogens et Klaus), des lieux (Smeerensburg et sa population en conflit, la poste, la cabane de Klaus), et le principal élément du film (la lettre envoyée à Jesper qui donnera un cadeau donné par Klaus).

Maintenant, découvrons le deuxième acte du film, les  »péripéties » comme j’aime les appeler (mes cours de français m’ont un peu trop marqués). Dans cette partie-ci vont se jouer deux lignes principales : les idées de Jesper pour avoir des lettres, et les idées des enfants pour avoir des jouets. Vers le milieu du film, ces deux lignes vont se rencontrer pour former un mélange fait des idées moins égoïstes de Jesper, des changements dues aux envies d’amusement et de joie des enfants, et de la personnalité généreuse de Klaus, pour former des scènes qui mêlent vraiment le tout et forment encore mieux les personnages. Mais je vais un peu vite, prenons ça dans l’ordre :

Idées de Jesper → Jesper, face aux enfants qui viennent chez lui pour envoyer des lettres afin de recevoir des jouets, y voit un excellent moyen de pouvoir accomplir son quota de 6000 lettres. Après les avoir légèrement soudoyé pour leur en faire écrire (d’ailleurs c’est drôle, mais on ne voit jamais les enfants donner l’argent, comme si le film ne voulait pas montrer ça), il se rend chez Klaus. Là encore je ne fais que rire devant les réactions du facteur face à l’homme des bois, cette façon qu’il a de le craindre, jusqu’à croire que le nœud qu’il lui donne est pour le pendre, ce qu’il accepte sans aucune question, c’est vraiment drôle.
Klaus n’accepte seulement après avoir vu cet espèce de vent magique dont on ne sait encore rien (pour ma part je pensais que c’était l’esprit de Noël), qui nous offre là encore quelque chose de beau grâce à la musique et au visuel, avec cette neige tournoyant derrière Jesper sur fond de cette belle musique, tandis que ce dernier, de façon tout à fait égoïste, explique à Klaus les malheurs de ces enfants dont il se fiche complètement.

Idées des enfants→ Le petit Krum qui avait reçu le premier jouet de Klaus se retrouve à jouer avec une Ellingboe qui passait là. Le film nous fait croire pendant une petite seconde que la fillette va casser le jouet, alors qu’ensuite il nous rappelle que ce sont des enfants : ils ne sont pas mauvais et ce sont le comportement des adultes qui influent le leur.
On comprend enfin pourquoi la ville n’est qu’un lieu de bataille éternel : c’est dû à cette vieille tradition qui monte les Krum contre les Ellingboe, et les Ellingboe contre les Krum. Alors que les deux gamins n’en avaient que faire, les adultes se montrent encore plus irraisonnables qu’un enfant, puisque ils suivent cette tradition sans même la questionner.
Là encore, le film joue sur nos clichés puisqu’on pourrait croire, quand elle demande au petit garçon « Dit moi donc d’où vient cette jolie [grenouille] », que la chef des Krum va détruire le jouet. Or,, rien de tout ça, cette question sert juste à savoir qui est derrière l’idée, soit Klaus et Jesper, mais elle va lui rendre le jouet. On dirait vraiment que le métrage n’a pas envie de nous montrer des enfants réellement tristes, comme pourrait l’être le petit garçon si on lui avait cassé son jouet.

Idées de Jesper → Face aux enfants qui ne savent pas écrire, Jesper va tout d’abord leur montrer du dédain, avant d’avoir une idée. Elle pourrait sembler désintéressée, sauf que si plus d’enfants vont à l’école, plus viendront lui donner des lettres et plus vite il aura atteint son quota de 6000.
C’est aussi durant cette scène qu’arrive le plus mignon et adorable personnage du film : Márgu. Elle arrive, elle est toute colorée au milieu de la grisaille, elle est terriblement mignonne et on comprend directement ce qu’elle veut, alors même qu’il n’y a pas de sous-titre et qu’elle parle le langage de son peuple Sámi. Plusieurs personnes Sámi ont traduit ce qu’elle disait, donc dans cette scène elle dit : «Est ce que je pourrais avoir un jouet ? » et « Je pourrais en avoir un aussi, s’il vous plaît ? ».
A dire vrai, son arrivée tardive me faisait penser qu’on était encore dans l’introduction du film, mais je pense qu’elle fait seulement partie du groupe  »enfant » que l’on a déjà bien rencontré, notamment avec le premier enfant recevant un cadeau.

Idées des enfants → Ici, le film nous propose un premier montage montrant à quel point Klaus est devenu populaire parmi les enfants, alors que c’est Jesper qui fait la plupart du travail et qui ne gagne aucune célébration à l’inverse de son acolyte. On le voit, que ça l’agace, mais il ne peut dire à personne que c’est lui qui fait tout, ce qui lui fait apprendre une première leçon d’humilité.
Ensuite, les idées du film sont vraiment géniales et intelligentes. Le fait que les enfants parlent des choses que l’on connaît tous très bien, comme le fait que Klaus puisse aller dans toutes les cheminées grâce à de la magie, que les cadeaux vont dans des chaussettes accrochées à la cheminée ou qu’il faut laisser des cookies, et que l’on nous montre ensuite qu’il s’agissait en réalité de Jesper qui est tout fin et peut donc passer dans les cheminées, qu’il avait peur des chiens et n’a rien trouvé d’autre que de laisser les jouets dans les chaussettes mises à sécher, ou bien juste que l’on sait qu’il aime les bonnes choses (il mangeait un beignet au tout début du film) et ne s’est donc pas gêné pour se servir… C’est drôle, intelligent et en même temps terriblement naïf.

Idées de Jesper → Il y a trop de cadeaux dans le traîneau, et si on en enlève, Jesper aura moins d’enfant qui lui feront confiance et lui enverront des lettres, donc il aura du mal à parvenir à 6000. Il pense donc à atteler les rennes au chariot. Là encore, l’idée est totalement égoïste.
Cependant, c’est aussi une des premières fois où l’on voit les deux s’amuser ensemble, riant et s’amusant face à la vitesse de la calèche, même s’ils se reprennent très vite, chacun restant buté face à l’autre.
Jesper a aussi, pendant une de ses nuits, décidé de mettre du charbon dans les chaussettes au lieu du cadeau, puisqu’il a reconnu le garçon qui l’avait insulté. Jesper seul savait que ce dernier était méchant envers lui, et il a décidé de le punir lui-même, alors que Klaus lui avait dédié un cadeau. Il invente alors la fameuse « liste » qu’aurait Klaus, et le fait qu’il puisse voir les enfants sages ou non.
La scène devient sacrément drôle lorsque Jesper se retourne, remet sa casquette et que se lance une musique disant « Pourquoi avais-tu besoin de venir et jouer avec le facteur ? / C’est ce que tu obtiens quand tu joues avec le facteur ». C’est juste un humour parfait (malheureusement seulement compréhensible quand on parle anglais).

Idées des enfants → Face à cette révélation, les enfants auraient pu seulement arrêter de faire des bêtises. Mais ce sont des enfants, et ils décident de faire complètement l’inverse, c’est à dire d’être complètement sage et d’aider leurs parents, leurs amis, leurs familles. Le meilleur exemple est le petit groupe d’enfant qui dit qu’au lieu de voler les baies d’une de leurs voisines, ils lui ont apporté : ils auraient pu tout simplement ne pas les voler mais non, ils ont préféré les cueillir et les lui apporter.
En dehors de ça, le montage est magnifique. C’est le deuxième qu’on a dans le film et il démontre parfaitement de la tendresse qu’il veut proposer : voir les enfants s’occuper de la ville comme ça, s’amuser en le faisant, voir même le père du premier enfant ayant reçu un cadeau être le premier adulte à briser littéralement le mur, pour laisser jouer les autres enfants avec son fils, voir Jesper avoir de plus en plus de lettres (même si l’on sait que c’est une envie égoïste, je ne peux m’empêcher d’être heureuse de le voir heureux), Alva utiliser ses économies pour l’école…
Petit détail mais tout comme dans le premier montage, on ne voit pas du tout Klaus. Il est complètement invisible, à l’image de ce que voient les enfants, et pourtant les enfants font tout ça pour recevoir des cadeaux de sa part.

Personnalité de Klaus → On arrive alors à ce que j’appelle la  »personnalité de Klaus », puisque c’est en quelque sorte lui qui va déteindre sur Jesper, et sur la ville entière.
Il sort la phrase que Lydia lui disait, à savoir « Une action vraiment désintéressée en appelle toujours une autre ». Ce à quoi Jesper répond que « tout le monde cherche toujours quelque chose » à recevoir de ses actions : pour lui les enfants sont sages et font de bonnes choses pour recevoir des cadeaux. C’est vrai en un sens mais il oublie que les enfants sont des enfants : ils étaient enfermés dans la misère et le combat pendant leurs courtes vies, et faire ça les aide à s’amuser et à être heureux dans la vie.
Ensuite, Jesper se contredit lui-même puisqu’il dit que les adultes doivent rechercher quelque chose là-dedans… Sans réussir à trouver ce qu’ils pourraient chercher. Comme quoi la phrase de Klaus est vraie.
C’est pour ça que j’ai appelé cette catégorie comme ça, puisque c’est le premier moment où Klaus va vraiment déteindre sur Jesper : quand il va demander au facteur ce que lui recherche là dedans, ce dernier va être gêné. Évidemment c’est peut être parce que s’il raconte la vérité, Klaus pourrait ne plus lui parler, mais je pense que c’est avant tout parce qu’il commence à y avoir un soupçon de bonté réelle en lui.

Idées des enfants → Petite partie vraiment drôle où, à cause de l’embuscade faite par les Krum et les Ellingboe, la calèche de Klaus et Jesper va s’envoler, ce que verra un petit garçon et d’où lui viendra l’idée que Klaus se déplace sur un traîneau volant tiré par des reines magiques. L’idée est drôle sur le coup puisque le contraste entre le traîneau magique que voit l’enfant et le fait que ce dernier s’écrase complètement au sol après être hors de sa vue est vraiment marrante, mais surtout elle est encore une fois, terriblement mignonne.
C’est tout aussi hilarant de voir que le film a poussé jusqu’au bout le fait que Klaus ait vraiment ce rire, ce « Ho ho ho ! », même si ce qui me fait vraiment rire dans la scène c’est le moment où Jesper raconte ce qu’a dit le petit garçon, que Klaus lui répète et que le facteur dit simplement « Yep ». C’est simple mais efficace, puisque l’idée est stupide et en même temps vraiment adorable.

Idées de Jesper → Jesper se rend compte qu’il n’y a presque plus de cadeaux à donner alors qu’il n’a pas encore atteint ses 6000 lettres. En rentrant chez lui, il tombe sur une Márgu toujours aussi adorable, qui va lui dire « Bonjour facteur ! » et « Est ce que vous allez parler avec moi maintenant ? ». Au lieu de l’écouter, Jesper va se confier et réaliser que Noël serait le meilleur moment pour donner énormément de cadeaux d’un coup, puis se désintéresser de la petite fille.
Il va donc présenter son idée à Klaus, ce dernier refusant avec violence et disant qu’il ne veut plus faire de jouet, même si c’est surtout le choc de voir Jesper enlever le rideau sur des objets vraiment intimes qui le fait exploser. Quelque chose que j’aime énormément dans cette scène, c’est quand il hurle à Jesper « Va t-en !! », l’animation est tellement subtile que j’ai cru qu’il allait fondre en larme, mais non. On voit, que deux ou trois fois il va presque éclater en sanglot mais se retenir, c’est dire à quel point les animateurs ont travaillé sur les détails.
C’est aussi un moment important puisque je pense que c’est réellement la première fois que Jesper se rend compte qu’il est allé trop loin. Jamais il n’a du s’en rendre compte ou s’en importer, avec son père, à l’académie des postes, dans toute sa vie. Mais ici, il doit réaliser à quel point il aime Klaus et à quel point ce moment où il l’a fait souffrir importait plus que son idée de Noël. C’est la première fois où il rentre chez lui triste non pas à cause de quelque chose qui le touche, mais quelque chose qui touche quelqu’un de son entourage.

Personnalité de Klaus → Il est bon de savoir que, dorénavant, et ce jusqu’à la fin de l’acte 2 du film, il n’y aura plus que cette idée là, celle de la « Personnalité de Klaus ». En effet, ici, les idées égocentriques de Jesper vont partir pour faire place à cette envie qu’il a de faire plaisir à Márgu, qui représentera les idées des enfants. Les deux lignes directrices sont entrées en collision afin de changer la personnalité du personnage principal, lui donnant, en quelque sorte, la personnalité de Klaus.
Donc, quand Jesper rentre chez lui, il voit que Márgu l’attend encore. Elle lui dit tout d’abord « J’ai attendu tellement longtemps… », puis, quand Jesper lui montre enfin de l’attention « Vous allez m’aider ? Enfin ! » et « Je crois que vous ne me comprenez pas… ».
Le facteur n’en a d’abord que faire, réfléchissant enfin au fait qu’il pourrait ne pas avoir assez de lettre le temps venu. C’est drôle mais c’est la première fois que Jesper évoque le fait qu’il ne pourrait pas en avoir assez, alors qu’il était assez confiant quand il était arrogant. Là, il songe qu’il pourrait en réalité rester ici, et met ça en contradiction avec ce qu’il a chez lui, où il est aimé et dorloté par tout le monde. Ici il serait seulement une personne comme une autre, quelque chose que l’on sait qu’il n’aime pas au vu des têtes qu’il faisait lorsque les enfants parlaient des exploits de Klaus quand ils étaient les siens.
Enfin, il réalise qu’il a été quelqu’un de stupide et égoïste. Il ne le met pas vraiment en mot, Márgu le dit pour lui (« un idiot !»), mais il le réalise quand il parle de Klaus, en disant de ce dernier qu’il ne mérite pas ce que lui, Jesper, est en train de lui faire, de se servir de lui. Sa personnalité commence à changer.
C’est alors qu’il va prendre ce qui sera sans doute la première décision nonautocentrée de sa vie : il va emmener Márgu voir Alva pour qu’ils puissent ensemble comprendre ce qu’elle voudrait comme jouet.
Commence alors une de mes scènes préférées du film. Bon au départ, je n’étais pas trop pour la chanson pop, mais en réalité elle fonctionne parfaitement bien, notamment parce que les paroles sont pleines de sens à propos de la joie, des gens qui apportent le bonheur et de ce qu’il peut amener dans notre vie.
Tout d’abord, il y a le moment où Márgu est avec Jesper et Alva pour que chacun tente de comprendre l’autre. Tout au long de la scène, Márgu dit : « Je voudrais vraiment un jouet», « Je l’aime bien, elle est gentille», « Je voudrais un traîneau, un graaaand traîneau » et « Il est un peu idiot hein ? ». Le point dominant de la scène est quand Jesper met la lettre de la petite fille dans l’enveloppe et que celle-ci lui offre un grand calin, comme seuls savent faire les enfants : c’est terriblement adorable, encore plus en regardant la tête de Jesper.
Ensuite, Jesper va tenter lui-même de faire le jouet de Márgu. N’importe quel film aurait pu miraculeusement lui faire faire ce jouet, mais ce n’est que l’arrivée de Klaus qui lui permettra de le finir, puisque ce n’est pas son métier et qu’il ne sait pas vraiment faire.
Klaus, pour sa part, on l’a vu se morfondre, puis regarder le dessin de lui et Jesper que ce dernier avait fait. Je pense qu’à ce moment-là, il a réfléchi au fait qu’il ne peut pas rester seul de cette manière et s’enfoncer dans un puits de tristesse et de solitude, alors que sa nouvelle famille est juste là, devant lui.
Ce que j’aime beaucoup quand Klaus revient vers Jesper, c’est que l’homme ne laisse pas son ami s’excuser pour ce qu’il a fait, puisqu’en soit, même s’il a été intrusif, c’est lui qui a surréagit. Et sa présence vaut pour elle ce pardon.
Les deux vont donc faire ce jouet, et l’amener au camp où vit la petite fille. Le voyage est magnifique, sous la chanson et le paysage, principalement au moment où on voit la baleine sous la glace. D’ailleurs, le montage est tout aussi parfait, même ce petit moment où Mogens embête Jesper, on n’aurait pu s’en passer mais il fait tout simplement naturel et il ne gâche absolument pas la scène parce qu’il n’est pas intrusif, alors que beaucoup de films d’animations auraient déjà gâché le moment avec un humour bas de gamme.
C’est alors que je me suis retrouvé à pleurer devant la beauté de la scène suivante. Cette simplicité mêlée de tendresse et de joie. Ce moment où Márgu, se réveillant et voyant son cadeau, cri « Maman, papa ! Il est venu, il est venuu !! ». Elle ouvre son cadeau, révélant un traîneau du même style qu’étaient les traîneaux qu’utilisaient les Sámi, à savoir un avec une voile. Son père va dire « Ouah, quel beau traîneau ! » et sa mère « Il fait froid, tu devrais mettre ton chapeau. Et ne glisse pas trop vite ! » et Márgu se lance dessus, avec la chanson explose devant ce moment absolument magnifique. Pour moi, le meilleur moment, c’est vraiment quand on voit ce gros plan sur Jesper et sur le regard qu’il fait : on ressent tellement sa joie, cette joie qui n’est pas procurée par l’argent ou les gâteaux ou le fait de ne rien faire, mais tout simplement le bonheur de quelqu’un d’autre, qu’il a aidé à créer. C’est le point tournant du film à ce moment là pour le personnage, puisque son égocentrisme et son envie de rien disparaissent pour laisser place à une personne pleine de bons sentiments, d’envie de créer et de donner de la joie, et tout ça est parfaitement transmissible à travers ce seul regard qu’il possède.
La scène continue lorsque Jesper et Klaus retournent chez ce dernier. Là, le bonheur de Jesper se fait encore ressentir, puisqu’il dit sans vraiment attendre de réponse de Klaus, tout ce qu’il a ressenti lorsqu’il a vu Márgu et son cadeau. C’est un personnage complètement différent de celui qu’on a connu au début du film et ça le rend encore plus attachant.
Klaus raconte qu’il comprend ce que Jesper ressent, puisque lui aussi est comme ça. Puis il lui parle enfin de sa femme, Lydia. Là encore, le cliché aurait pu être que Klaus a eu un enfant avec cette dernière, qu’ils l’ont perdu, et que Lydia est partie. Mais non, le film insiste sur le fait que Klaus n’a jamais eu d’enfants : je trouve ça surprenant parce que la perte de Klaus aurait été renforcée, mais non, il a seulement toujours voulu des enfants, mais n’en a jamais eu, tout simplement.
Il dit ensuite à Jesper qu’il a retrouvé la joie de vivre grâce à lui, et l’appelle « Mon ami ». Là aussi c’est un choix surprenant parce que on aurait pu facilement créer un lien père-fils entre les deux personnages, mais non, le film insiste : ils sont amis. Jesper a déjà un père aimant et n’en a pas besoin, Klaus a retrouvé une famille dans tous les enfants de la ville, en leurs donnant de la joie, c’est tout, et d’une certaine manière, ça renforce encore plus le lien entre les deux protagonistes.
Par contre, une chose importante que la scène montre, c’est la gêne de Jesper. Sa gêne quand Klaus le remercie, sa gêne quand ce dernier parle de leurs projets dans les années suivantes, et enfin on voit que Jesper hésite dans ce qu’il fait, ce qu’il est en train de faire à Klaus, cet homme qui vient de l’appeler « mon ami ».
Une scène courte arrive alors, et c’est un de mes passages préférés : quand Alva montre à Jesper ce qu’il a réussit à faire de Smeerensburg. Une ville magnifique, colorée, joyeuse, avec un marché de Noël où tout le monde joue et s’amuse, et même un sapin de Noël fait avec le squelette de la baleine. Et c’est lui qui est à l’origine de tout ça.
Ce que j’aime dans cette partie, déjà, c’est qu’elle fait écho au début du film, quand le facteur découvrait la ville, puisqu’il a la même expression devant son visage. Il est surpris par ce qu’il voit, même si ici évidemment c’est ce changement qui le surprend. Il y a aussi le même plan qu’au début, mais cette fois inversée : alors que Jesper faisait face à la ville sombre et brumeuse, dos à nous, ici il fait face au lac gelé où tout le monde s’amuse et où les décors illuminent le ciel. Enfin, il y a aussi évidemment ces quatre enfants qui sont toujours là, effrayants, avec leur manie d’enfoncer ces carottes dans ces bonhommes de neige, qui sont absolument hilarants.
Ensuite, ce qui est génial, c’est la musique. Ici, il y a mon morceau préféré du film. Alors qu’au début, on avait une musique glaçante et qui faisait peur, ici le morceau est chaleureux, enjoué, avec les paroles de « Douce nuit », et surtout ce moment où les instruments s’emballent au moment où l’étoile est posée sur le sapin : c’est la deuxième (ah non pardon, troisième, j’ai pleuré quand Klaus racontait son histoire avec Lydia) fois que le film me met les larmes aux yeux par sa beauté simpliste. Et c’était aussi la première fois, en découvrant le film, que je me suis dis « Bon sang mais ce film est éblouissant ».
Les Sámi viennent alors aider Klaus et Jesper : si vous voulez savoir, Márgu dit « C’est lui qui m’a aidé ! », le père « On a entendu que vous auriez besoin d’aide » et la mère « Merci, ça l’a rendu tellement heureuse ! ». Là encore une réinvention du mythe, puisque les lutins du Père Noël sont au départ, ici, un peuple nordique, et c’est vraiment touchant.

Arrive enfin le troisième montage du film. Alors que le premier était très rapide et à propos des enfants parlant de Klaus avec excitation, Jesper les écoutant et grommelant en arrière plan, le deuxième moins rapide et racontant comment Jesper recevait de plus en plus de lettres, Alva dépensant ses économies pour les enfants, et surtout les enfants changeant Smeerensburg, celui-ci est beaucoup plus doux et complètement à propos de Jesper (d’ailleurs, aucun des montages n’a jamais été centré sur Klaus, mais toujours plus ou moins sur Jesper et les enfants). Un film contient le plus souvent un seul montage, mais celui-ci en contient trois, chacun montrant l’évolution des personnages et principalement de Jesper, de par leurs rythmes, puisque le facteur était, au début du film, complètement fébrile face à ce qu’il faisait, se calmant un peu plus au milieu du film puisque prenant petit à petit conscience qu’il se jouait de Klaus, avant qu’ici il hésite tout simplement à rester ici ou rentrer chez lui.
Le facteur se demande donc ce qu’il doit faire, s’il doit rester ici pour toujours ou non, alors qu’il est prêt à atteindre son quota de lettres. On nous montre à quel point tout le monde, Klaus, Jesper, Alva, Márgu et le reste du peuple Sámi, vit joyeusement, travaillant ensemble, dansant, prenant petit à petit dans le cœur de Klaus non pas la place des enfants qu’il n’a jamais eu mais de la famille qu’il a perdu (oui oui je pleure de nouveau quand ils remplissent les cases de leurs petites figurines).
Ce que j’aime c’est que le film, à ce moment-là, ne se focalise pas sur la relation entre Jesper et Alva. On les voit dormir ensemble devant le feu et c’est tout : à aucun moment leur relation ne sera le point central du film ou ce qui pourrait faire pencher la balance du jeune homme pour rester. Tout se mélange, sa relation avec Klaus, celle avec Márgu, et celle avec Alva, sans qu’aucune ne soit réellement le déclic, mais que tout forme un ensemble vraiment harmonieux et humain.

Situation déclenchant le 3ème acte → Pendant que les Sámi offrent à Klaus son habit de Père Noël, ce qui là encore est une belle réinvention du mythe (toujours meilleure que notre vrai mythe), Jesper et Alva travaillent tranquillement sur un jouet. Quelqu’un frappe, et la surprise de Jesper n’est égale que la mienne en voyant son père, puisque si je ne l’avais pas complètement oublié, je ne m’attendais pas du tout à le voir dans ce décor.
Il a été appelé à cause du coup monté des Krum et Ellingboe, et son arrivée ramène Jesper brutalement à la réalité du pourquoi il est ici et ce qui l’attend si il rentre, mettant en contradiction les deux choses qu’il désire, rester ici avec des gens qu’il aime, ou rentrer chez lui pour avoir une belle vie vide.
J’ai vu sur l’internet beaucoup de gens reprocher le fait que cette scène soit forcée, puisque tout le monde abandonne Jesper après avoir appris pourquoi il faisait tout ça.
Pour ma part, et c’est très drôle parce que normalement, je déteste les scènes où les personnages se fâchent (même dans mes films préférés comme Dragon ou Les Cinq Légendes), mais ici je la trouve bien faite et importante parce qu’elle était nécessaire. De la même manière qu’Avatar en fait (oui dans une réalité alternative, Jesper s’appelle Jake, Alva Neytiri, Klaus Eywa et Márgu Toruk).
Déjà parce que même si Jesper avait maintenant des intentions louables, il a commencé en utilisant Klaus et des enfants pour retourner à sa petite vie pépère. Et si les autres ne l’avaient pas appris, je trouve que leurs relations n’auraient jamais pu réellement fonctionner : il y aurait eu un non-dit qui aurait rendu le tout très artificiel. Un peu comme Jake dans Avatar : si Neytiri n’avait jamais su qu’il travaillait pour les autres, que c’était à cause de ses informations que son peuple était en danger, leur relation n’aurait pas mais alors pas du tout fonctionné. Hors, elle l’apprend, elle lui en veut, puis se calme après y avoir réfléchi.
Ensuite, jamais Jesper n’a dit vouloir rester ici complètement : il hésitait. Même quand il dit « A la maison ? Avec le personnel, mon petit-déjeuner au lit et… mes draps de soie ? », on voit qu’il hésite encore plus, puisqu’il aimait cette vie. Le forcer à revenir à sa vie d’avant montrait seulement qu’il n’en avait plus du tout envie.
Enfin, jamais il n’est dit que les autres personnages sont exempts de défauts. Au lieu de l’écouter, Alva est partie, les Sámi lui ont tourné le dos, et Klaus lui a lancé dans la figure une phrase qui, il le savait, allait lui faire du mal. Ce ne sont pas des personnages parfaits mais des personnages humains qui, ici ont de la rancœur envers quelqu’un qu’ils ne laissent même pas s’exprimer (parce que oui, le fait de penser qu’on va couper les vivres peut à lui seul, je pense, justifier quelques coups bas). Ce qui me conforte dans cette idée c’est que les personnages sont du côté obscur dans l’ombre alors que Jesper est le seul dans la lumière : ils sont dans le tort alors que lui est enfin dans le bon.
Le seul personnage ici qui reste tourné vers Jesper c’est Márgu. Elle dit « Qu’est ce qui se passe ? Jesper ! Jesper ! ». Évidemment, elle ne parle pas la langue, elle ne peut comprendre mais elle est la seule qui n’a jamais repoussé le facteur, même quand celui-ci était odieux avec elle : pour lui, il l’a aidée et ça a suffit. Mais comme elle est une enfant, personne ne l’écoute et ses parents la portent loin, et juste, ses cris en appelant son ami sont déchirants, je n’avais pas ce besoin d’entendre ça.
Dans tous les cas, même si le moment est horrible, je trouve que le fait qu’il soit nécessaire pour les relations des personnages le rend beaucoup plus supportable. Même si les pleures de Márgu et l’émotion sur le visage de Jesper, où là encore l’animation est très subtil mais on voit, puisqu’il est en gros plan alors que ceux qui parlent sont en arrière, qu’il comprend l’horreur de ce que tout ça signifie : que les autres vont lui en vouloir, qu’il va être obligé de rentrer, ce qu’il ne veut plus. Le pire reste pour moi quand Klaus lui lance « Tout le monde cherche toujours quelque chose », ce qui, je le redis, est extrêmement violent pour un Jesper qui avait changé. On le voit même, sur son visage, qu’il est surpris par cette réaction brutale de son ami, et qu’il est à deux doigts de se mettre à pleurer devant son dédain inextinguible. Même la musique achève tout le monde, personnage et spectateurs.

Et c’est pour moi la fin de la deuxième partie du film. Les deux lignes directrices sont entrées en collision, et les personnages sont à un point où ils ont tout perdu, ce qui est ici leur amitié, tandis que Jesper s’en va vers une vie qu’il ne désire plus.

Démarrons donc le troisième acte, qui est censé conclure absolument tout. Tout comme le premier acte, ici, il se décompose en plusieurs petites scènes :

Situation initiale → Si son envie de rentrer chez lui était toujours là, le fait d’y être forcé et que sa nouvelle famille lui tourne le dos le vaccinent complètement. Jesper arrive complètement abattu sur le bateau de Mogens, ne répondant même pas aux boutades de ce dernier, qui ouvre enfin les yeux du Père en montrant que, oui, son fils a l’air légèrement, mais alors très légèrement, triste.
J’aime beaucoup ce dialogue silencieux qui se déroule entre eux, le père faisant son sourcil de père signifiant « Alors, raconte moi tout » tandis que l’on voit très bien ce que Jesper va lui dire. Même si la scène reste très belle comme ça, j’aime beaucoup imaginer ce qu’aurait pu être la scène si on l’avait vu complètement (instant pub : j’ai dessiné ma vision de cette scène elle est disponible plus bas).
Le moment est encore plus triste quand Márgu arrive, criant « Jesper ! Ne pars pas ! Ne pars pas Jesper ! Jesper… Je ne comprends pas… » et qu’elle se met à pleurer, alors que ce dernier est juste là et qu’il aurait pu éviter le spectateur de voir cette petite fille toute mignonne pleurer.
En revanche, j’aime beaucoup le fait qu’on ne montre pas qu’il saute de joie à l’idée d’être là. Il sait ce qu’il vient d’abandonner, et qu’il risque de lui falloir du temps afin de retrouver la confiance des autres. Il est donc tout simplement assis sur le ponton, une mélancolie certaine affichée sur son visage.
Les deux ont une petite conversation (enfin, Jesper parle et Márgu dit « Tu sais que je ne peux pas encore te comprendre pas vrai ? ») durant laquelle le facteur dit que son père a déclaré n’avoir jamais été aussi fier de lui et l’avoir pris dans ses bras. Puis il aperçoit les clans partant dans la direction de la cabane de Klaus…

Combat de fin → Les clans arrivent pour détruire les cadeaux, mais Jesper se lance dans un… mouvement qu’il jugeait héroïque je présume. En tout cas c’est hilarant, cette manière dont il arrive en hurlant, plus de peur que pour faire peur on dirait, se prend pour un héros à faire un superbe mouvement avec la hotte, en disant « Mangez notre neige espèces de… » avant de se rendre compte que les reines ne sont pas attelés. C’est drôle, mais c’est drôle, cette façon qu’il a d’enchaîner ses phrases de manière presque normale « Ils ne sont pas attelés ? Pourquoi ils ne sont pas attelés ? Je pensais qu’ils étaient attelés. Je n’aurais jamais, ô grand jamais, fait ce que je viens de faire si je ne savais pas que ces trucs n’étaient pas attelés. Qui laisse un traîneau non attelé comme ça ?! »
Tout le monde part en course de traîneau. Là encore, la relation entre Klaus et Jesper est vraiment drôle, entre un qui essaye tant bien que mal de sauver des cadeaux, avec l’autre qui sait parfaitement qu’ils sont faux et donc ne fait rien d’autre que bouder face à celui qui l’a trahi, selon lui.
Les dialogues vraiment drôles s’enchaînent, dont un qui se perd en français, puisqu’en anglais c’est
«-Je pourrais bien utiliser un coup de main ici !
– « Utiliser ». Choix de mot intéressant.
-Vraiment ? Tu vas faire une tentative de culpabilisation à ce moment là ?! »
Mais aussi :
« -Les jouets ! Il faut refermer ce sac !
-D’où ça t’intéresse ? Je pensais que tu partais.
-Génial. Super. Tu sais quoi, continuons de discuter à quel point je suis une terrible personne, pendant que je vais probablement me casser le cou en essayant de sauver les jouets des enfants. »
Et puis :
« –Joli coup ! Comment est-ce que tu savais que je n’allais pas être éjecté avec eux ? […] Non laisse tomber, ne répond pas. »
Là encore, on nous montre que Klaus n’est pas parfait mais seulement humain, puisque sa bouderie enfantine est sacrément énervante, même si on apprend plus tard qu’il pouvait se le permettre, comme les cadeaux étaient faux.

Enfin arrive la fin de la descente. Tout le monde tente de s’arrêter avant de tomber dans un ravin et, tandis que tout le monde y parvient, Klaus et Jesper sont éjectés du traîneau, sauf que ce dernier parvient in-extremis à s’y raccrocher.
Et j’adore ce moment. Le moment où, pensant qu’il y a des jouets dans la hotte, Jesper préfère mettre sa vie en danger pour leur bonheur plutôt que de laisser le traîneau partir. Klaus qui lui dit « Laisse tomber, ça n’en vaut pas la peine ! », plus la musique épique qui se joue en fond, donne un des meilleurs passages du film : celui où Jesper laisse enfin sa vie passer derrière celle des autres.
Il parvient à arrêter le traîneau, mais la cheffe des Krum arrive, les envoie tous dans le ravin, et Jesper dit la même phrase que celle de Klaus : « Une action vraiment désintéressée en appelle toujours une autre ».
Je pensais vraiment qu’à ce moment-là, en se retournant, tout le monde verrait les enfants de la ville tenir tête à leurs parents… Mais non, on voit seulement que les actions de Jesper et Klaus ont amené à l’amour entre Pumpkin et Olaf, un Krum et une Ellingboe, ce qui obligera leurs familles à s’unir. Et ils se sont unis parce que Jesper et Klaus ont, avec leurs cadeaux, unis la ville.
On se rend compte, tout comme le facteur, que les cadeaux étaient des faux. Seulement, le fait que Jesper ait mis sa vie en danger a montré aux autres qu’il n’était pas qu’un petit fils de riche dupant tout le monde pour retourner chez lui. Réconciliés, les deux amis vont pouvoir distribuer les cadeaux pour ce qui va être le premier matin de Noël où le Père Noël est venu…

Conclusion → La cloche sonne maintenant non pas pour une bataille mais le mariage de Pumpkin et Olaf. Jesper et Alva vivent ensemble, les lettres arrivent chaque Noël de plus en plus, et Jesper et Klaus vont de plus en plus loin pour les distribuer, partant gaiement sur le bateau à chaque fois.
Mais les années passent, et Klaus vieillit. La scène de sa mort m’avait complètement bouleversée la première fois que je l’ai vue car je pensais qu’il était réellement mort. Encore plus quand on voit Jesper le cherchant partout, dans chaque endroit où ils ont partagé quelque chose, l’atelier où ils créaient des jouets, le lieu où il y a les figurines de toute la famille, l’endroit où il l’a vu pour la première fois faire des maisons pour oiseaux, et même au camp des Sámi. Et ça m’a pris deux visionnages pour me rendre compte que la personne à qui il demandait n’était pas la mère de Márgu mais Márgu qui avait maintenant 19 ans !

Maintenant que je sais que Klaus n’est pas réellement mort, le moment reste réellement triste, car mort ou pas Jesper le croyait à ce moment là et le cherchait. Dans tous les cas, le moment où Klaus disparaît dans la brume et le vent, sous le soleil, est absolument magnifique. Et Jesper disparaît un peu de la même manière, dans la brume, au moment où il dit « C’est comme s’il s’était… volatilisé ».

Épilogue → on découvre que Jesper et Alva ont eu deux enfants et holala je pleure. De les voir vieillis, de par leurs coupes de cheveux notamment (plus sages et grisonnantes), de les voir border les enfants de cette manière… Je suis sûre que Jesper tient ça de son propre père.
Plutôt drôle mais à mon premier visionnage, je me suis demandée pourquoi Jesper portait encore son costume de facteur alors que tout le monde allait se coucher…
Je pensais aussi que, Klaus parti, désormais, ce serait les parents qui allaient offrir, à Noël, des cadeaux à leurs enfants. Je pensais qu’on verrait Jesper le faire, avec, en voix off, lui disant que leur exemple de bonne volonté avait parcouru le monde et que désormais, tous les parents offrait des cadeaux à leurs enfants la nuit de Noël.
Donc oui, la première fois, il y a eu une toute petite pointe de déception quand j’ai vu que non, Klaus était devenu, on ne sait comment, le Père Noël. Mais la déception est passée (de toute manière, on peut difficilement dire aux enfants « Le Père Noël c’est vos parents dans un film»), je dois dire que cette fin est tout aussi agréable, voire même meilleure. Parce que le moment où Jesper dit « Une fois par an, je peux voir mon ami » est véritablement magnifique et un superbe moyen de conclure le film. C’est tout simple, chaque année, Jesper peut revoir Klaus, le soir de Noël. On ne sait pas comment Klaus peut faire ça, on ne sait pas si Jesper pourra le rejoindre plus tard, tout ce qu’on sait c’est qu’ils peuvent se voir. Et oui je pleure encore une fois devant tant de beauté et de simplicité. La phrase résume parfaitement le film, l’histoire d’une amitié qui a créé Noël et qui peut se continuer grâce à Noël.

Et voilà donc pour ce qui est du scénario du film : simple, clair, efficace, touchant, magnifique.

Avant de conclure, je voudrais tout simplement parler des personnages.

Déjà, les enfants sont totalement adorables. Et pourtant, je n’aime pas vraiment les enfants, notamment dans les films où ils peuvent très vite être casse-pieds. Bizarrement, dans les films de Noël, ils sont toujours plutôt mignons et le symbole de cet esprit de Noël, mais ça s’arrête là. Ici, le film se centre sur eux en montrant qu’ils sont la partie magique de ce qui fait Noël : le petit Krum a vu Klaus et décrété qu’en lui envoyant une lettre il viendrait avec un jouet. Les autres enfants ont pensé qu’il était magique pour passer dans toutes les cheminées, qu’il était invisible, qu’il fallait faire de bonnes actions pour avoir des jouets, qu’il avait des rennes volants, etc etc.

Avec eux il y a évidemment Márgu. Le personnage le plus mignon du film, bien qu’on ne la comprenne pas. Elle revient tous les soirs pour demander à Jesper d’avoir un jouet, elle est la plus heureuse avec son traîneau et sa relation avec le facteur est terriblement adorable.
Pour ceux qui me lisent souvent, vous savez qu’il y a une chose que j’aime faire, c’est rechercher d’où viennent les noms qu’on donne aux personnages, parce qu’ils sont souvent porteur de sens.
Márgu, donc, est la forme abrégée et sámi du nom Margareeta, une des quatorze divinités aidantes qui aide les enfants, fait partir les mauvaises choses, et qui est la patronne (on dit le patron pour une homme alors je n’ai aucune idée de si on dit une patronne pour une femme) des accouchements. Et son nom caractérise parfaitement tout ce qu’est Jesper avec elle : il l’a aidée, elle, une jeune enfant, et elle a fait en quelque sorte partir les mauvaises choses qui étaient en lui, puisqu’elle est la première qui a lancé ce déclic en lui, cette envie de donner du bonheur.
Petite anecdote, je ne sais absolument pas s’ils s’en sont inspiré pour son prénom, mais la petite fille qui double Márgu se nomme Neda Margrethe Labba, Margrethe ayant la même racine que Márgu.

Ensuite, on a Alva, et… Je n’aurais pas beaucoup de chose à dire sur elle. En fait, c’est drôle que le réalisateur du film dise que les bons personnages sont souvent inintéressant, puis le voir en faire un comme ça. Mais comme dit plus haut, je trouve que sa relation avec Jesper a été parfaitement menée, parce qu’on sait dès le départ qu’ils vont tomber amoureux et ça n’empiète absolument pas sur le scénario, ils sont juste mignons tous les deux.
Alva est un prénom utilisé dans les pays du nord signifiant « elfe ». Là encore, plutôt logique puisqu’elle est, en quelque sorte, une des premières elfes.

Nous avons aussi le père de Jesper. Si on ne connaît pas son nom, on sait qu’il dirige l’Académie Royale des Postes. Et une chose que j’aime particulièrement chez lui : il aime son fils.
Dans beaucoup de films, le père aurait été un obstacle envers le personnage principal, mais là, pas du tout. Alors, il l’est un peu mais c’est Jesper le problème à ce moment-là. Mais malgré ce qu’il fait à son fils, on voit qu’il fait ça parce qu’il l’aime.
Si je dis ça, c’est que j’ai noté un petit détail : lui et le sergent instructeur ont tous deux l’air de savoir que Smeerensburg n’est pas un bon endroit. En effet, il n’y avait pas de poste sur la carte, le sergent a l’air de haïr Jesper mais le prend en pitié quand il reconnaît ce coin… Il dit même « Je suis pour la discipline, mais Smeerensburg… ? N’est-ce pas un peu excessif ? », ce à quoi le père répond en soupirant « Ce garçon a besoin d’un rappelle à l’ordre ». Il aime son fils, il le force à faire des choses pour ne pas le voir vivre sa vie dans un néant de rien.
Ensuite, le fait que vers la fin du film, Jesper pense que son père va être encore plus fâché contre lui, pour avoir fait tout ce qu’il a fait de manière égoïste. Mais ce dernier va être, au contraire, fier de voir son fils avoir trouvé un sens à sa vie. Une approbation du père, c’est vraiment beau.
Enfin, tout petit détail que j’aime bien, mais dans l’escalier de la maison de l’épilogue, on voit un portrait du père, parmi les photos d’Alva et de leurs familles.
Évidemment, je n’ai pas de nom à étudier ici, mais il y a une chose que la version française a perdu, c’est la façon dont est prononcé le nom de la famille de Jesper : Johanssen. En anglais, il est prononcé avec une forme nordique, c’est à dire que le  »j » se prononce comme un  »i ». Et, chose plutôt marrante, le père de Jesper prononce le nom de son fils de la même manière, c’est à dire  »iesper », alors que son fils se nomme lui même  »jesper ».

Il y a évidemment Klaus. Et chose plutôt drôle, je n’ai pas énormément de choses à dire sur lui. Je l’aime bien, il est très attachant, mais je le trouve presque trop  »normal » pour être plus qu’attachant.
Par contre une chose que j’aime bien, c’est qu’il a une évolution comme Jesper. Au début du film, il est grincheux, il a les cheveux détachés, il est encore sous le choc de la mort de sa femme. Alors qu’à la fin, grâce à sa nouvelle famille, il est beaucoup plus resplendissant et plein de joie.
Et pour son prénom, c’est tout simple, il s’agit d’un jeu de mot puisque Père Noël se dit Santa Claus en anglais, et ce mot vient de Sinter Klaas, une version raccourcie de Sint Nikolaas, le germanique pour Saint Nicholas.

Mais s’il y en a un qui me fait totalement et irrémédiablement aimer le film, vous l’aurez compris, c’est bien évidemment Jesper.
Déjà, très vite fait, son prénom. Ce n’est pas un prénom commun, on serait plus habitué au prénom Jasper (enfin je dis ça mais quelques jours après avoir découvert le film, j’ai lu un livre dans lequel un des personnages s’appelait Jesper…). Les deux prénoms ont la même étymologie et signifient « trésorier », ce que je trouve vraiment joli. Comme si le Jesper du film gardait le trésor, qui est les jouets des enfants, et donc gardait leur bonheur.
En commençant le film, j’ai été vraiment surprise par la façon dont le personnage agissait. Peu agréable, ne faisant rien, prenant du bon temps, espérant que son père pourra subvenir à ses besoins à tout jamais, ne voulant rien faire de sa vie… En fait, ça ne collait pas du tout à l’image que je me faisais inconsciemment de lui avant de voir le film, puisque je le voyais sur les posters, avec ses lettres, je pensais qu’il pouvait être altruiste. Et, chose plutôt drôle, dans une des premières scènes révélée sur la chaîne youtube du SPA studio, les gens commentant disaient être déçus ou surpris du personnage, au fait qu’il ne s’attendait pas à ce qu’il soit de cette manière, se rassurant même les uns les autres que ce n’était que le début du film et qu’il fallait attendre.
Les personnages de cette trempe là, qui sont égoïstes et paresseux et confrontés à la réalité du monde, ils existent déjà dans d’autres films, comme dans Kuzco, l’empereur mégalo ou Cars. Donc, rien de bien nouveau sous le soleil.
Sauf que Jesper a une différence avec eux : quand il  »apprend » sa leçon, il ne revient pas à son ancienne vie avec une nouvelle forme de personnalité, mais au contraire, il en a une nouvelle. C’est pour ça que je trouve que son évolution ressemble à celle de Jake dans Avatar, puisqu’il abandonne ce qu’il pensait être la meilleure des vie, pour une autre, totalement différente mais encore plus agréable.
Dans tous les cas, j’aime beaucoup la façon dont le film fait agir Jesper au tout début. Il est très différent du personnage que l’on a le reste du temps, de par ses habits, et surtout la manière dont il agit : il est hautain, grimace souvent, a les yeux à demi fermés… Même dans son animation, sa bouche et ses dents sont accentuées en avant, il ne se tient pas droit… Tout nous renvoi cette information qu’il est un personnage détestable.
Le premier moment où on commence à apercevoir le  »vrai » Jesper, c’est quand son père le nomme facteur. Cette façon dont il dit « Come again ? » (« Pardon ? ») et sa tête devant la carte quand son père y déplace le petit pion… On voit vraiment la terreur en lui et c’est sacrément drôle.
J’ai déjà beaucoup parlé de lui dans la partie scénario, donc je ne vais pas m’attarder encore plus. En revanche, je l’ai déjà dit, j’adore la façon dont sont traitées ses relations.
Celle avec Márgu est mignonne et ma préférée du film. Il n’y a pas vraiment de relation père-fille je pense, plutôt onclenièce, quelque chose de familiale et adorable. C’est dire, dans mes dessins du film je n’avais envie que de les dessiner tous les deux et laisser Klaus. Je pense que ce qui fonctionne vraiment c’est que Márgu est une des raisons principales pour laquelle Jesper change, et qu’il n’y a aucune forme de rancœur entre eux : Jesper aime cette petite fille, et la petite adore Jesper et ne le boude jamais, même quand tout le monde lui tourne le dos. Elle est simplement là pour montrer comment évolue Jesper vis-à-vis des autres et surtout des enfants, qu’il utilisait comme des pions au début, avant de réellement les aider.
Sa relation avec Klaus est très jolie et, comme je l’ai dis, je pense qu’elle est exempt de toute idée de père-fils. Jesper a déjà un père qu’il aime et qui l’aime, et Klaus pense plutôt au bonheur des enfants de Smeerensburg, il a une relation différente avec le facteur. C’est là que je trouve le film intéressant, c’est qu’il part dans des relations vraiment complexes : Klaus et Jesper forment une famille, mais pas une relation père-fils, plus cette liaison que l’on peut avoir avec nos propres meilleurs amis. De plus, le film appuie bien là dessus en finissant littéralement par « Mon ami ». Et là encore, on sort complètement des clichés.
Le truc que sait faire le film aussi, c’est nous faire aimer Jesper dès le début, mais avec une ascendance prononcée. Il est drôle avec sa peur de Klaus, avec son envie de lettres, avec les enfants (même s’il les utilise, ce n’est jamais montré avec malveillance, encore une fois le film protège les enfants), et dans la manière où il morfle en délivrant les cadeaux.
Puis il devient de plus en plus agréable quand il commence à se rendre compte que Klaus ne mérite pas ce qu’il lui fait, et principalement quand il devient moins égoïste et qu’il aide Márgu.
Il devient touchant lorsqu’il se rapproche des autres personnages, le tout formant une grande famille.
Il est déchirant lors de la scène où il est piégé par les clans et où les autres ne daignent même pas l’écouter.
A partir de là l’amour pour le personnage est complet, et il devient vraiment attendrissant quand il parle avec Márgu de son père, de ce qu’il va faire ensuite, et de sa tentative échouée de sauver les cadeaux.
Enfin, je le trouve bouleversant quand il passe ces douze années avec Klaus, et qu’il perd son ami, avant d’avoir des enfants et de dire qu’il retrouve l’homme une fois par an.
S’il y a vraiment une chose à retenir, c’est que le film sait complètement gérer son personnage principal. Là où d’autres films ont du mal à faire aimer ce genre de personnalité d’abord égoïste, ici on y est attaché d’abord par l’humour qui est mis en place autour de lui, puis par la touchante personne qu’il devient.
Enfin, pour finir, je voudrais juste dire que si la version française du film et vraiment bien gérée, je trouve que celle de Jesper l’est un peu moins. Attention, le doubleur fait un excellent boulot, mais je trouve que sa voix vieillit le personnage (assez ironique quand les deux acteurs qui le doublent ont seulement deux ans d’écart). L’age de Jesper n’est jamais dit, je pense qu’il est dans la vingtaine et qu’il serait proche de quarante pendant l’épilogue, mais vraiment l’acteur français a quelque chose dans la voix qui le vieillit. Et je dois dire absolument adorer les phrases s’enchaînant en version anglaise, que l’on peut difficilement retranscrire en français.

Quand j’ai découvert le film, je ne m’attendais pas à autant l’aimer, c’est sûr. Les derniers films d’animation pour lesquels j’ai eu de gros coups de cœur datent de 2016 (si on excepte Dragon 3 que j’ai tendance à aimer plus parce qu’il est une suite de film), et même ceux-là, si je les adore, j’ai plus tendance à préférer certaines parties du film, ou bien à aimer plus la musique, ou le visuel, ou le scénario, et jamais vraiment les personnages…
Ici, non seulement j’ai aimé au même degré les personnages, le visuel, la musique et le scénario, mais à un point tel que ça faisait vraiment, vraiment longtemps que je n’avais pas eu de tel coup de cœur pour un film. A chaque fois que j’en attendais un, je ressentais une pointe de déception en le voyant, ou bien certains passages me déplaisaient.
Ici, que nenni. Si je m’attendais à un bon film, je ne pensais pas que je me retrouverais devant ce que je pense être le film le plus tendre que j’ai jamais vu. Jamais je n’ai vu de métrage d’animation prônant à ce point là le mignon et l’adorable, qui réussit à ne pas digresser vers de l’humour vaseux sous prétexte que c’est « pour les enfants » , mais qui au contraire possède un sens de l’humour naturel et particulièrement drôle.
Je ne m’attendais certainement pas à tomber sur des personnages ayant autant de cœur et étant vraiment humains, ni même apprendre l’existence d’un peuple indigène nommé les Sámi, tellement bien travaillé qu’on sent que l’équipe est parti les rencontrer.
En fait, je trouve qu’il y a un mot qui décrirait le film, sauf qu’il n’existe pas en français, seulement en anglais, et ce mot, c’est preciousness.
Et je ne m’attendais certainement pas à tomber sous le charme d’un film aussi intelligent et plein de cœur au point de l’ajouter directement à mes films préférés.

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